La guérilla (II)
Suivant de près le début des hostilités en Chine, en Yougoslavie ou en U. R. S. S., la guérilla a été en France une opération différée. Déclenchée dès le 10 mai sur les arrières de l’envahisseur, elle eût certainement ralenti sa progression ; mais comment demander aux civils de prendre les armes quand le commandement militaire ne tentait même pas de faire vider au ruisseau les postes d’essence où s’approvisionnaient les Panzerdivisionen ? Au lendemain de l’armistice, le climat moral du pays ne se prêtait point à ce genre de résistance contre une armée allemande libérée de toute autre préoccupation. On eut plongé inutilement la France dans un bain de sang, propre à détourner tout autre belligérant d’une telle conduite.
Préparée longuement, avec le minimum d’actes hostiles calculé pour inquiéter l’occupant sans justifier une répression à grande échelle, la Résistance l’obligeait à maintenir à l’ouest des effectifs importants, dont l’action à l’est eût été décisive. Le débarquement allié en Afrique du Nord, puis l’échec de Stalingrad et la contre-offensive soviétique de l’hiver 1942-1943, donnèrent le signal attendu pour les débuts officiels. Le premier communiqué du « Quartier général des francs-tireurs et partisans français », qui date du début de mars, récapitulait les trois cents opérations du mois précédent : attaques des troupes d’occupation, déraillements de trains, destructions de ponts, incendies, exécutions de délateurs, bombes dans les locaux des organisations collaborant avec l’envahisseur. Il survenait au moment où le commandement devait retirer douze divisions pour envoi sur le front de l’Est, et faire face à une double menace de débarquement en Atlantique et en Méditerranée.
L’explosion attendue provoquait l’indignation de commande de l’occupant et des autorités de Vichy devant cet accès de « folie collective » qui soufflait sur le pays. Les seules nouvelles de presse du 12 mars 1943 annonçaient une attaque, faisant 29 blessés, de soldats allemands qui traversaient les faubourgs industriels de Lyon pour se rendre à l’exercice ; la destruction complète par explosion, entre Valence et Vienne, d’un train de munitions et de ses occupants ; l’attaque d’un train de permissionnaires, avec 23 tués et des blessés, dans la région parisienne ; la collision provoquée de deux trains de troupes en Bretagne, avec 33 officiers parmi les morts. Enfin, le même jour, un communiqué spécial du commandement des F. T. P. F. faisait état de trois déraillements, dont un à Chagny avec 250 morts et des centaines de blessés dans un convoi de troupes à destination de l’Est.
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