Armée de terre - Convention ministère de la Défense-ville de Mourmelon-le-Grand
La professionnalisation des armées constitue « une petite révolution » pour les villes de garnison. Aux appelés du contingent ont succédé des professionnels et des engagés venant remplir leurs missions accompagnés le plus souvent de leur famille. Pour les villes d’accueil, les retombées économiques et sociales de cette transformation sont nombreuses et importantes dans les domaines du logement, de la scolarité, des services publics, des loisirs, etc.
Mourmelon, qui s’est développée au rythme des activités militaires depuis la création du Camp en 1856 par Napoléon III pour devenir aujourd’hui l’un des premiers camps de France, est également confrontée à cette problématique.
Face à un tel défi et aux besoins y afférents, une nouvelle approche des problèmes a été imaginée par le ministère de la Défense et la commune. L’acte symbolisant ce partenariat renforcé se caractérise par une convention créant une commission extra-municipale sur l’armée.
Cet organe de coordination et d’information, unique en France, permettra d’anticiper sur les projets à venir en optimisant l’utilisation de crédits publics. Des actions concrètes ont d’ores et déjà été conduites.
La signature officielle de cette convention vient d’intervenir. Elle s’inscrit dans le cadre des expérimentations voulues par les pouvoirs publics et qui sont aujourd’hui l’objet d’un débat national. Elle vient d’obtenir un prix « Territoria 2002 ».
L’idée
Mourmelon est un camp militaire hébergeant plus de 2 % des effectifs de l’Armée de terre et pouvant accueillir annuellement près de 550 000 nuitées de troupes en manœuvre, françaises ou étrangères.
La ville, depuis 150 ans, voit son développement refléter la présence militaire. La professionnalisation de l’armée a profondément bouleversé la « donne ». Les engagés, volontaires et professionnels, suivis de leur famille, au contrat de quatre à onze ans en moyenne, ont remplacé les appelés du contingent qui séjournaient douze mois sur le site, le plus souvent seuls. Les conséquences économiques et sociales sur la vie à Mourmelon sont nombreuses et importantes. Aucun accompagnement financier n’a été prévu pour les villes d’accueil. Pourtant les perspectives de logement, d’équipement ou de services publics imposent d’anticiper les besoins et les projets. Il fallait pour une commune de 6 000 habitants, mettre en adéquation ces transformations et arrivées massives de population avec les moyens.
À situation nouvelle, méthode de gestion nouvelle. Ainsi le ministre de la Défense et la municipalité ont décidé, par convention, la création d’une commission extra-municipale sur les relations ville-armée pour tenir compte de la spécificité locale (armée : premier employeur du bassin, voire du département) ; anticiper sur le développement de la ville résultant de la professionnalisation de l’armée ; favoriser le rapprochement entre les deux communautés, civile et militaire ; contribuer à la pérennité de l’activité militaire en assurant le meilleur accueil aux familles.
L’objectif
Hormis les traditionnelles rencontres de courtoisie provoquées par les commémorations, les passations de commandement, les prises d’armes, les événements locaux… aucune réunion officielle de travail n’était instituée. Dans ces conditions, civils et militaires apprenaient l’existence ou la mise en place de tel ou tel service, tel ou tel équipement a posteriori. Les projets étaient réalisés sans concertation, ce qui pouvait aboutir, dans certains cas, à une aberration.
L’objectif est bien d’optimiser l’argent public (il n’y a pas de crédits civils ou militaires mais des deniers publics) pour répondre aux attentes et besoins de la population locale (nous ne sommes pas civils ou militaires, mais avant tout Mourmelonnais) en créant un organe d’information, de concertation et de coordination permettant de réfléchir sur l’utilisation et le fonctionnement des équipements et services existants ; de rationaliser les investissements afin qu’ils ne « doublonnent » pas ; de réaliser des projets conçus et financés conjointement.
La démarche de mise en œuvre
La démarche procède d’un constat mené le 8 mai 2001 lors des cérémonies commémoratives. Les autorités militaires finalisaient à ce moment-là, le projet de création d’une station d’épuration. La ville, quant à elle, savait que ses propres infrastructures déjà saturées ne supporteraient pas l’accroissement de la population et qu’à court terme, il faudrait inéluctablement construire une nouvelle station d’épuration. Mourmelon serait donc dotée de 3 stations d’épuration. Il y avait déjà 4 gymnases (2 civils et 2 militaires), une douzaine de courts de tennis, 2 stades de football, 2 paroisses… Toutefois, ce jour-là était née une prise de conscience : celle de l’impérieuse obligation de travailler différemment pour faire 1,50 euro avec 1 euro.
Trois mois après le renouvellement municipal de 2001, le maire, mandaté par le bureau municipal, présentait en concertation avec le commandant d’armes, le projet de convention au gouverneur militaire de la région Terre Nord-Est à Metz qui le validait. Concomitamment, des actions de sensibilisation et de lobbying furent menées auprès des régiments, des associations locales, des responsables politiques et administratifs du secteur. Une ébauche de convention fut rédigée puis entérinée de part et d’autre. L’assemblée municipale, en date du 15 mars 2002, a voté le texte à l’unanimité.
L’installation de la commission a eu lieu le 18 juin 2002. Tout un symbole !
Le contenu
Anticiper les évolutions de la population et ses effets induits en termes d’équipements et de services constitue l’essentiel des sujets traités.
Le logement est la préoccupation majeure. C’est la conséquence logique du changement de statut des militaires. Ils sont de plus en plus nombreux à ne plus pouvoir vivre dans les casernements. Avec leur famille, ils souhaitent s’intégrer dans la cité, ce qui répond à l’objectif de mixité fixé par les pouvoirs publics et contribue au renforcement du lien Armée-Nation.
L’armée ne loge aujourd’hui qu’un tiers de ses ayants droit et les bailleurs sociaux ne peuvent satisfaire la très forte demande sur un marché en « surchauffe ».
L’école est aussi un enjeu important, Mourmelon passe pour être l’une des communes les plus jeunes de France. Plus de 34 % de sa population a moins de vingt ans, quand la moyenne nationale est de 16,8 %. À titre d’exemple, la garnison recense à elle seule 1 200 enfants de moins de onze ans. La ville abrite 6 écoles, 1 collège et de très nombreux lycéens et étudiants.
Corollaire de la jeunesse, l’indispensable diversité du tissu associatif, qu’il soit social, culturel ou sportif. Là encore, il nous faut travailler en commun pour satisfaire les pratiques les plus variées et les plus exigeantes. Notons toutefois qu’il est d’ores et déjà possible de s’adonner à Mourmelon, à côté des activités traditionnelles, aux plaisirs du golf, du motocross, de l’équitation, du tir… ce que n’offrent pas toujours des communes plus peuplées.
La création d’une cantine, d’une crèche, l’embellissement du cadre de vie, la sécurité routière… sont également des sujets traités par la commission.
Les moyens
Le partenariat nouvellement établi se veut concret. Les investissements pourront faire l’objet de financements croisés dès lors qu’ils porteront sur des projets jugés d’intérêts communs.
La notion « d’expérimentation » de cette démarche pourra au demeurant recueillir le soutien financier d’autres collectivités locales. Il est notamment question de sensibiliser le président du conseil régional et le préfet pour qu’une ligne de crédits figure dans le prochain contrat de plan « État-région ».
Bilan de la réalisation
Après quelques mois d’existence, le bilan est déjà très positif. La liste serait trop longue, mais il porte sur le logement (construction sur terrain militaire, harmonisation des attributions), le partage des équipements sociaux et des installations sportives.
Tout cela n’est que le début d’une réelle coopération intense entre les communautés civiles et militaires, bel exemple du renforcement du lien Armées-Nation. ♦