Cyberdémocratie
Les médias interactifs, les communautés virtuelles déterritorialisées, et l’explosion de la liberté d’expression permise par Internet ouvrent, à n’en pas douter, un nouvel espace de communication, inclusif, transparent et universel, qui est amené à renouveler profondément les conditions de la vie publique dans le sens d’une liberté et d’une responsabilité accrues des citoyens. En présentant une synthèse des transformations engendrées par le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) dans la vie démocratique, de l’échelon régional à l’échelle mondiale, Pierre Levy, universitaire canadien, s’inscrit ouvertement dans cette perspective avant-gardiste.
Le développement des NTIC suscite, en effet manifestement déjà, de nouvelles pratiques politiques. Ainsi les communautés virtuelles à base territoriale que sont les villes et régions digitales créent les premiers fondements d’une démocratie locale de réseau, plus participative. Le passage au gouvernement électronique (et la réforme administrative qu’il suppose) vise, pour sa part, à renforcer les capacités d’action des populations administrées plutôt que de les assujettir à un pouvoir. Enfin, les nouvelles agoras en ligne permettent à de nouveaux modes d’information et de délibération politique de se faire jour tandis que le vote électronique vient compléter le tableau d’une mise en phase de la démocratie avec le cyberespace. On assiste donc ainsi, selon l’auteur, à l’émergence d’une « cyberdémocratie » planétaire qui s’exprime également par la consommation consciente et l’investissement socialement responsable, c’est-à-dire par une gouvernance directe de l’économie par les citoyens, que la transparence du cyberespace rend désormais possible. Une nouvelle gouvernance mondiale semble donc appelée et justifiée par les interdépendances croissantes qui se font jour. Ainsi la loi, mais aussi la justice, ne peuvent rester fragmentées et divisées quand l’économie, la technique, la science et la biosphère révèlent chaque jour un peu plus leur unité fondamentale. L’auteur poursuit la description et l’analyse de ce phénomène par un virulent plaidoyer pour un gouvernement mondial « cyberdémocratique » considérant que les destins de la démocratie et du cyberespace sont intimement liés parce qu’ils impliquent tous deux ce qu’il y a de plus essentiel à l’humanité : l’aspiration à la liberté et la puissance créative de l’intelligence collective.
Cet ouvrage explore ainsi de manière audacieuse l’approfondissement possible de la démocratie à l’ère de la « cyberculture ». Il développe en particulier les différentes notions qui sous-tendent le projet de la « cyberdémocratie » : gouvernance mondiale, État transparent, culture de la diversité… Il offre dans ce cadre un important annuaire d’adresses web sur ces thèmes, permettant au lecteur de vérifier par lui-même les idées qui lui sont exposées et de poursuivre ainsi son propre parcours. ♦