Le mot « patriotisme », et plus généralement les valeurs qu'il implique, ont une odeur de naphtaline. Une discordance se fait jour entre une société assoiffée d'individualisme et de prospérité, et le modèle d'une pédagogie militaire autoritaire et comparativement austère. L'espoir inextinguible d'un progrès perpétuel a repoussé l'idée de mort et relégué les guerres au rang de spectacles médiatiques. Des jeunes continuent pourtant à préférer la discipline et les valeurs un peu compassées des armées, sans doute parce qu'à leurs yeux, elles sont encore chargées de sens. La professionnalisation porte l'espoir d'une dissidence efficace contre le règne de l'oubli et de l'ingratitude, et contre la tyrannie égoïste des collectivités démocratiques ; à condition que les armées modernisent, elles aussi, leur style de commandement.