État-major des armées - Exercice Euratox 2002 avec le concours du Service de santé des armées (SSA)
Cinq médecins des armées ont été conviés comme observateurs à l’exercice Euratox 2002, exercice européen de protection civile sous ambiance nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NRBC), au camp militaire de Canjuers du 26 au 29 octobre 2002.
Conduit sous l’égide du ministère de l’Intérieur, de la Sécurité intérieure et des Libertés locales, le thème de cet exercice était de tester l’organisation des secours à un grand nombre de personnes (de 200 à 2 000), victimes d’un acte de malveillance impliquant des matières radioactives et des produits chimiques, pendant une manifestation sportive internationale.
La mission confiée par la Direction centrale du Service de santé des Armées (DCSSA) à ses observateurs était d’identifier le concours que le Service de santé des armées pouvait apporter aux moyens d’intervention civile. À cet effet, des spécialistes dans les domaines de l’organisation des secours, de l’application des plans gouvernementaux et de la prise en charge des victimes sous ambiance chimique et radiologique ont pu apprécier les moyens importants (matériels et humains) mis en œuvre pour cet exercice.
Ainsi, les principaux objectifs médicaux ont été atteints. La capacité à recenser et à trier les victimes sur la base d’une liste unique a pu être testée. La contamination éventuelle était repérable par un système de badge de couleur, tandis qu’une fiche médicale de l’avant était initiée. Des difficultés relatives à la saisie et au suivi de cette fiche ont toutefois été constatées. L’évolution attendue est la mise en place de badges identifiants, en cours de développement par le ministère de la Santé.
Les capacités hospitalières locales, zonales et nationales ont également pu être rapidement identifiées, en quelques heures. Toutefois, des difficultés sont apparues pour la mise en œuvre des moyens d’évacuations, essentiellement par voie aérienne. Ce constat est néanmoins récurrent quel que soit le type de catastrophe.
Les moyens de décontamination sont apparus adaptés à l’ampleur de la catastrophe de même que les moyens de protection des intervenants, malgré le manque d’uniformité.
Les efforts entrepris par les moyens de secours civils pour faire face à des menaces d’agression NRBC sont très importants. Bien évidemment, ils ont été accentués depuis l’attentat tragique du 11 septembre 2001 à New York.
Dans ce cadre, le Service de santé des armées participe activement depuis plus d’un an, à la formation du personnel médical civil (essentiellement des médecins du Service d’aide médicale d’urgence, Samu) et militaire. Une circulaire récente du Secrétariat général de la Défense nationale précise la doctrine nationale d’emploi des moyens de secours et de soins face à un acte terroriste mettant en œuvre des matières chimiques.
Cette formation permet une prise de conscience réelle d’intervention médicale dans de telles conditions. Les réflexes sont différents de ceux d’une catastrophe que l’on pourrait qualifier de classique. L’impératif doit être de protéger les équipes de secours et d’éviter à tout prix le transfert de la contamination.
Pour l’avenir, les efforts doivent donc être poursuivis dans la recherche de cohérence des moyens d’intervention. Il apparaît également nécessaire pour les centres opérationnels de se doter d’une capacité d’anticipation sur les événements et de planification. Enfin, le concept de catégorisation médico-chirurgicale en ambiance NRBC, est dénommé classiquement « triage en situation de pertes massives ». Ce concept appliqué depuis de nombreuses années par les Services de santé militaires mériterait l’extension de son application dans la prise en charge de victimes civiles, car c’est la seule méthode médicale qui permet d’adapter les moyens pour sauver le maximum de vies humaines, et non plus seulement les plus gravement atteints. ♦