Les « Arrières »
Tout ce qui concerne l’arrière des nations en guerre : arrière ami ou arrière ennemi, arrière terrestre ou arrière maritime, est d’une capitale importance pour la stratégie. L’arrière soutient l’avant : il est la base de sa capacité d’attaque et de sa capacité de résistance. Pour cette raison, la notion d’arrière est un élément essentiel de la conduite des opérations.
La solidité de l’arrière national, le plus ou moins de facilité qu’on a de le défendre ou de le dérober, les possibilités plus ou moins grandes qu’on a d’atteindre l’arrière ennemi, sont conditionnées à un très haut degré par la géographie, qui simplifie ou complique le problème à sa fantaisie, étant entendu, comme toujours, que l’importance des forces et la façon de les manier interviennent grandement pour modifier en bien ou en mal ce qui résulte du seul facteur géographique.
Beaucoup de grands chefs de guerre ont eu la claire vision du rôle fondamental des arrières. Certains d’entre eux ont édifié sur lui leur méthode de prédilection et leurs procédés favoris. La « manœuvre sur les derrières » était celle que Napoléon affectionnait particulièrement ; il a tenté de la pratiquer tout au long de sa carrière, depuis le siège de Toulon, en 1793, jusqu’à Marengo, à Ulm, à Landshut, au cours de la campagne de France de 1814, dans la marche du Golfe Juan sur Grenoble et Lyon en 1815, pour ne citer que les cas les plus marquants du genre. On a même vu chez lui, à ce sujet, une manière de faire systématique (1). Pareillement, à l’époque contemporaine, l’action contre les arrières, sous forme, de la recherche de la manœuvre d’aile, simple ou double, de l’enveloppement, de l’encerclement des armées et des nations, a été la pierre angulaire de la stratégie allemande, qui lui a dû ses plus beaux succès de la première partie de la guerre de 1939-1945, remportés, il est vrai, sur des adversaires alors inférieurs en forces, et surtout en intelligence, en quantité et en qualité, et en attendant que les Alliés appliquent à leur tour la méthode, en renversant les rôles.
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