France-Allemagne - (40e anniversaire du Traité de l'Élysée)
Le 23 janvier 2003 marque le 40e anniversaire du Traité de l’Élysée, signé par le général de Gaulle et le chancelier Adenauer. Cet anniversaire est l’occasion pour la France et l’Allemagne de conclure, selon les propos du président de la République : « Un nouveau pacte fondateur… Il ne s’agira pas d’un nouveau traité mais d’une déclaration politique forte, assortie de mesures de coopération concrètes dans tous les domaines, témoignant du rôle moteur de nos deux pays dans la construction de l’Europe » (Jacques Chirac : « La politique étrangère de la France », Défense Nationale, octobre 2002).
Nous commémorons cet anniversaire par ce dossier « France-Allemagne » qui permet de dresser le bilan de quarante ans de coopération. Dans la perspective des élargissements (UE et Otan), nous l’avons complété d’articles plus orientés vers l’Est.
Le contexte historique de ce traité de l’Élysée est bien connu de nos lecteurs, mais il nous semble opportun de le resituer dans son environnement de janvier 1963.
Quelques jours avant la signature du traité, le général de Gaulle tenait, le 14 janvier 1963, la fameuse conférence de presse des deux « non » :
– non à l’entrée du Royaume-Uni dans le Marché commun,
– non à la « force nucléaire multilatérale », acte de naissance de notre force nucléaire, nationale et indépendante de dissuasion et qui aura pour conséquence le retrait français de l’organisation militaire intégrée (1966). Si l'on poursuit notre retour en arrière, l'automne 1962 avait été marqué à l'intérieur par le vote du référendum sur l'élection au suffrage universel du président de la République ; et à l'extérieur, par l'ouverture du concile Vatican II, la crise de Cuba et le refroidissement des relations entre la Chine et l'URSS.
Rappelons enfin que le 3 juillet 1962 la France avait reconnu l’indépendance de l’Algérie, dernière étape du processus de décolonisation. Autre anniversaire, salué par l’année de l’Algérie et la visite officielle du président de la République, qui devrait être pour nous l’occasion de publier ultérieurement un dossier sur ce pays.
Quant à l’Allemagne, Konrad Adenauer en était le chancelier depuis la création de la République fédérale (loi fondamentale de la RFA, 1949), avec Bonn comme capitale. La RFA était membre de l’Otan depuis 1955. En juin 1961 le « mur de la honte » s’érigeait à Berlin, toujours occupé, sans réaction américaine ni otanienne, mais il est vrai que John F. Kennedy n’était pas encore devenu « ein Berliner » (juin 1963).
Que de chemin parcouru en quarante ans !
En cette période de l’année, il n’est pas trop tard pour émettre le vœu que l’Europe retrouve des dirigeants, à la fois hommes de culture et visionnaires, habités d’une ambition digne d’elle et dotés de la volonté implacable de mobiliser leurs citoyens sur un projet politique, économique et social qui donne à l’Europe élargie toute sa place dans un monde qui doit redevenir multipolaire, et enrichie de la coexistence pacifique et tolérante de civilisations différentes.
Vaste programme aurait dit le général de Gaulle ! ♦