Mitrovitsa, ville divisée et sous strict contrôle militaire, apparaît comme un concentré des problèmes du Kosovo. L'affrontement inter-ethnique y est visible autour des lieux symboliques que sont l'Ibar et le pont dit d'Austerlitz. Pêle-mêle on trouve : la persistance de structures administratives parallèles entretenues par Belgrade ; un chômage considérable, notamment en zone serbe ; des problèmes de pollution qui empêchent tout projet de redémarrage des usines locales. Cet article a été écrit au cours d'un détachement militaire au bureau des actions civilo-militaires de la représentation militaire de la France, à Prichtina. Un certain nombre de précisions ont pu être apportées grâce aux relectures du lieutenant-colonel Féquant et du lieutenant-colonel Hydulphe. L’auteur garde évidemment la responsabilité des erreurs qui demeureraient.
Une géographie politique de Mitrovitsa
« Mitrovitsa (1) est un abcès qui pourrait infecter tout le Kosovo ! ». Ces paroles de M. John Rogers, administrateur municipal de la Mission intérimaire des Nations unies au Kosovo (Minuk) à Mitrovitsa, datent seulement de juin 2002. Certes, le Kosovo ne ressemble pas encore au standard européen, mais il semble globalement se rapprocher d’une normalité balkanique. C’est en tout cas l’impression que retire le « promeneur » qui le parcourt, d’Est en Ouest et du Nord au Sud, surtout s’il a la chance de parcourir aussi certains des pays proches. En revanche, il peut percevoir, qu’en effet, la région de Mitrovitsa vit à un rythme différent. Il peut constater la densité de la présence militaire, surtout si le hasard le fait tomber sur une opération majeure de fouille de maisons, mobilisant des centaines de soldats et des dizaines de blindés.
S’il peut lire la presse quotidienne, il constatera que les déclarations des responsables de la Minuk ou de la Kfor concernent cette zone plus fréquemment que les autres, et en des termes qui pourront peut-être lui apparaître alarmistes. Il y verra qu’aujourd’hui cette ville d’environ 100 000 habitants est sous le microscope des experts qui, dans le cadre de la « Stratégie pour Mitrovitsa » lancée de concert par la Minuk et la Kfor, tentent de dessiner les axes d’une action visant à ramener une paix durable aux populations qui y cohabitent.
Pour autant, toute cette agitation ne l’empêchera pas de déguster paisiblement un café turc à l’une des multiples terrasses de cafés, qui festonnent les rues de la ville au nord comme au sud. Qu’en est-il donc du « problème Mitrovitsa » ? Pour verser quelques pièces au dossier, il a paru intéressant de suivre le « promeneur » rencontré plus haut, dans ses pérégrinations, car il apparaît que chacun des lieux parcourus apporte son lot d’explication. De là cette géographie politique de Mitrovitsa.
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