La souveraineté de l'État subit une double mutation : sa population est appelée à se montrer de plus en plus exigeante à son égard ; quant à la communauté internationale, elle soumettra cet État à une surveillance de plus en plus étroite. D'où une dynamique très profonde de responsabilisation des États : le souverain doit rendre des comptes certes à son peuple, mais aussi à tous les autres. Sur une Terre de plus en plus petite et liée, l'État, chargé d'un territoire, d'une population, n'est plus une île, c'est un élément d'un ensemble. Le passage d'une responsabilité floue, sauvage à une responsabilité organisée, institutionnelle promet d'être particulièrement chaotique, l'enracinement de cette responsabilité étatique requérant des conditions économiques et politiques très précises : croissance économique suffisamment forte pour tirer la majorité des sociétés ; universalisation des États démocratiques, commerçants, convaincus de leur intérêt à préserver ; consécration du droit des individus à contester leur propre État... Ces perspectives sont utopiques, mais comment penser l'avenir sans s'interroger sur les rapports complexes entre souhaitable et possible ?