La professionnalisation des armées a entraîné un changement profond de la place des armées et de leur personnel à l'intérieur de la nation ; sans heurts mais aussi sans mesures d'accompagnement adaptées. La participation à la défense de la nation depuis la loi d'octobre 1997 est devenue pour les citoyens un « devoir » tout à fait théorique, en quelque sorte subsidiaire au cas où « les militaires professionnels » ne suffiraient pas. En dépit de cette novation, les règles applicables aux militaires n'ont pas changé alors qu'ils sont désormais devenus des agents de la fonction publique comme les autres. N'est-il pas dès lors cohérent de les soumettre au même dispositif général que les autres catégories de fonctionnaires, même si toutes les dispositions applicables à la fonction publique ne peuvent être retenues ? Comme toutes les autres professions de la fonction publique, les « militaires professionnels » ou les « professionnels militaires » ont des intérêts à défendre ; la seule référence faite à l'article 19-II de leur statut ne peut suffire, ils ont besoin de savoir comment ils se situent aujourd'hui dans le classement de la fonction publique réalisé au lendemain de la Libération ; le « Chef » de l'article 10 du statut général des militaires ne peut plus, dans la société contemporaine, assumer une mission confiée dans tous les autres secteurs de la vie politique, économique et sociale à une véritable représentation.
La rénovation ne peut plus se faire sans vision européenne. Les armées ne sont qu'une composante de la force publique. La professionnalisation n'aurait-elle pas été votée trop facilement ? Puisse l'histoire ne pas le dire !