État-major des Armées - Le pôle stratégique de Paris (PSP)
Un outil de commandement
Le pôle stratégique de Paris est à la fois un outil de commandement de niveau stratégique et une réponse aux engagements de la France vis-à-vis de l’Union européenne.
Inscrite dans la loi de programmation militaire 2003-2008, la réorganisation de l’outil de commandement français de niveau stratégique vise à satisfaire les besoins nationaux et à répondre aux engagements de la France vis-à-vis de l’Union européenne pris dans le cadre de la mise en œuvre de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD). C’est ainsi que la France, lors du Sommet de Nice en décembre 2000, a proposé à l’Union européenne de mettre à sa disposition, dès 2003, un état-major interarmées multinational de niveau stratégique et un état-major de force de niveau opératif.
Ces engagements de capacités impliquent un renforcement de nos structures de commandement de niveau stratégique afin de permettre à l’état-major des armées de disposer de la capacité de gérer des crises à ce niveau, en national et en multinational. Le mandat est d’être en mesure de conduire dès 2006 une opération, au profit de l’UE, engageant jusqu’à 60 000 hommes dans un théâtre et les moyens des trois armées associés, la France y contribuant à hauteur d’environ un cinquième des forces.
Le déclenchement de l’opération Artémis à l’été 2003 (intervention en Ituri, RDC), avec la création d’un état-major multinational dont la France était nation-cadre, est venu confirmer de manière anticipée ce besoin avec la mise sur pied rapide d’un état-major opérationnel européen de niveau stratégique (Operational Headquarters/OHQ-UE).
Un projet complexe au cœur de Paris
Afin d’honorer les engagements pris par la France et rappelés ci-dessus, et de permettre ainsi au chef d’état-major des armées (Cema) d’exercer en permanence son double rôle de conseiller militaire du gouvernement et de commandant opérationnel des forces dans un environnement national et multinational, le projet « pôle stratégique de Paris » (PSP) a été lancé. Il se traduit concrètement par la mise sur pied progressive, entre 2003 et 2006, au cœur de Paris, d’une capacité permanente de constitution d’un OHQ (état-major multinational de niveau stratégique) à partir du centre de planification et de conduite des opérations (CPCO). Dans ce même temps, à l’échéance de l’automne 2006, la ré-articulation de la Direction du renseignement militaire (DRM) au sein d’un pôle « DRM Paris » permettra une meilleure prise en compte de la veille stratégique, et la rationalisation, le durcissement et l’optimisation des SIC opérationnels et réseaux sensibles desservant ce pôle seront achevés.
Ce projet entraîne un redéploiement des services déjà installés dans l’îlot Saint-germain et permet de rénover en le modernisant une partie importante du ministère de la Défense. Il devrait, entre autres, permettre une amélioration significative des conditions matérielles de vie et de travail du personnel civil et militaire concerné et mettre la totalité des installations à l’abri des risques liés à une inondation catastrophique, de type crue centennale de la Seine.
La décision d’implanter cet état-major dans Paris tient au caractère des crises gérées aujourd’hui où la permanence du lien politico-militaire est indispensable. Par ailleurs, les dispositions retenues sont fondamentalement cohérentes avec l’organisation de la chaîne du commandement opérationnel puisque l’objectif premier est d’en améliorer l’efficacité en renforçant la synergie entre la planification et la conduite des opérations autour des grandes fonctions « savoir, choisir, conduire » qui structurent l’engagement militaire.
Le regroupement sur un même site permet, en outre, de mutualiser le soutien (sécurité, SIC, QG, alimentation…) et de réaliser des gains très substantiels en effectifs par rapport aux solutions déportées, évalués à plus de 200 personnes.
Tout en assurant la continuité des missions qui lui sont confiées, le CPCO, opérationnel depuis juin 2003, poursuit sa montée en puissance. Celle-ci doit lui permettre d’atteindre au début de l’automne 2006 le format prévu à hauteur d’environ 200 personnes et d’assurer alors l’ensemble des missions pour lesquelles il a été conçu, à savoir de préparer et conduire les opérations au profit des autorités françaises, et de constituer le noyau-clé d’un OHQ non permanent multinational, à vocation européenne.
La constitution de cet OHQ se fait selon le même principe qu’une cellule de crise, à partir d’un noyau-clé d’une trentaine d’officiers du CPCO pré-désignés, de renforts nationaux et, pour moitié, de personnel provenant des pays alliés participant à l’opération. Les effectifs de l’OHQ varient selon le niveau de la force déployée et peuvent atteindre 280 personnes.
L’OHQ doit disposer de capacités de planification, de génération de force et de conduite d’une opération du niveau stratégique ; ce qui suppose des liens continus avec l’état-major de l’UE, avec les OHQ équivalents en Europe (Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Grèce), avec Shape, l’ONU et les États-Unis, avec les états-majors des États contributeurs, avec l’Otan (si Berlin +), ainsi qu’avec les échelons subordonnés (FHQ, LCC, MCC, ACC, etc.).
Il doit également permettre l’établissement de relations avec les organismes de renseignement de chaque pays, à partir des moyens de transmissions des nations contribuant aux opérations. À cette fin, il accueille l’ensemble des cellules de renseignement national (NIC) mises en place par les nations contributrices.
Une ambition à l’échéance 2006
À l’automne 2006, le CPCO pourrait ainsi être installé avec l’EMA dont il fait intégralement partie, à proximité de l’îlot Saint-Germain dans l’environnement proche du cabinet du ministre.
La solution actuellement étudiée devrait pouvoir permettre une co-localisation de l’OHQ-UE permettant ainsi à la France d’assurer ses engagements internationaux dans les meilleures conditions.
Pendant la phase transitoire 2003-2006, le PC de dévolution prévu pour le CPCO, installé au Mont Valérien dans des locaux militaires mis à disposition par le 8e régiment de transmissions, servira également en cas d’opération de l’UE dont la France serait nation-cadre.
Cette installation, terminée à la fin novembre 2003, permettra d’effectuer en décembre un premier exercice Stratex 03, qui sera observé par une délégation de l’Union européenne.
Ainsi, l’ambition française affichée à travers la réalisation du « pôle stratégique de Paris » de permettre à l’Europe de mener des opérations autonomes et à la France d’être en mesure d’assumer le rôle de nation-cadre, en adaptant notamment son outil de planification et de conduite des opérations, répond de façon tout à fait pertinente tant aux besoins nationaux qu’aux besoins de l’UE en apportant une contribution essentielle à la crédibilité militaire de l’Union, d’autant que seules quatre autres nations européennes (1) se sont mises en situation d’y prendre part.
Le PSP répond à l’ambition affichée par le président de la République : « nous devons être capables, dès 2006, de préparer, de planifier et de conduire une opération multinationale d’envergure décidée par l’Union » (2).
(1) Allemagne, Grèce, Italie, Royaume-Uni.
(2) Discours prononcé à Creil le 30 septembre 2002 (www.elysee.fr).