Moyen essentiel de recueil, d’analyse et de distribution de l’information à une échelle planétaire, l’espace joue un rôle stratégique majeur. Les applications spatiales concourent, en complément d’autres moyens, à fournir aux hautes autorités civiles et militaires les éléments indispensables à la conduite d’une politique ambitieuse de sécurité et de défense.
Espace militaire - L'Espace est stratégique
Moyen essentiel de recueil, d’analyse et de distribution de l’information à une échelle planétaire, l’espace joue un rôle stratégique majeur. Les applications spatiales concourent, en complément d’autres moyens, à fournir aux hautes autorités civiles et militaires les éléments indispensables à la conduite d’une politique ambitieuse de sécurité et de défense.
Dans un environnement géostratégique caractérisé plus que jamais par l’instabilité, l’imprévu et l’émergence des menaces les plus diverses, l’utilisation militaire de l’espace se révèle ainsi comme un facteur primordial de souveraineté, garant d’une autonomie stratégique, notion consubstantielle de toute stratégie de défense.
L’accès aux applications spatiales est donc indispensable à la France dans la mesure où celle-ci cherche à asseoir son rang sur la scène internationale ; à prévenir les crises en Europe et dans le reste du monde ; à exercer un rôle de Nation-cadre pour la conduite d’opérations multinationales ; et enfin à promouvoir une autonomie européenne en matière de sécurité et de Défense.
En cohérence avec le modèle d’armée 2015, les applications spatiales nécessaires concernent les télécommunications, l’observation (optique et radar), l’écoute électromagnétique, l’alerte avancée, la surveillance de l’espace, la navigation (positionnement, datation, synchronisation), la météorologie et l’océanographie.
Pour la France, comme pour les autres nations européennes qui se sont engagées à consolider les capacités de l’Union en matière de prévention des conflits et de gestion des crises, l’accès autonome à l’ensemble des capacités du besoin spatial militaire ne peut passer, en complément d’un accroissement des solutions duales, que par une politique de coopération extrêmement volontariste pour deux raisons essentielles :
• de financement : à court terme, sur le plan national, seuls les domaines prioritaires que sont les télécommunications et l’observation de la Terre dans le visible ont pu être financés. Ces difficultés de financement se retrouvent dans tous les grands pays européens qui, comme la France, ont dû faire des choix s’avérant, malheureusement, souvent redondants d’un pays à l’autre. Dans l’état actuel des budgets militaires, seule une coopération européenne, volontariste et surtout étroitement coordonnée, peut permettre le financement des capacités déficitaires, tout en promouvant un dispositif cohérent et homogène ;
• de cohérence avec la politique d’édification d’une Europe souveraine et crédible sur le plan stratégique : pour que l’Union européenne ait la dimension politique et stratégique qui correspond à ses ambitions internationales, elle doit disposer de ses propres capacités spatiales militaires.
Cette injonction est d’autant plus d’actualité que la maîtrise de l’espace fait l’objet d’une course aux armements dans laquelle les États-Unis, forts d’une politique pragmatique, assidue et résolue, figurent, et de très loin, au premier plan, suivis peu à peu par des puissances « émergentes » telles que la Chine et l’Inde. Placé en priorité dans la doctrine de maîtrise de l’information et des opérations, l’effort spatial américain est tout particulièrement représentatif de l’importance des enjeux en cours.
Forte de cette dynamique, la division « Espace et systèmes d’information et de communication » conduit aujourd’hui des travaux de réflexion en étroite concertation avec les autres acteurs majeurs du milieu spatial que sont le Cnes et la DGA. D’autres études sont menées dans un cadre européen au sein du groupe de projet Ecap (1) sur les systèmes spatiaux et demain au cœur du groupe espace que va lancer la Commission pour ce qui concerne la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD).
La France et l’Europe doivent sans délai prendre la pleine mesure de ce formidable et impérieux défi sous peine de ne pouvoir assumer leurs ambitions d’indépendance et de souveraineté. ♦
(1) Ecap : European Capabilities Action Plan.