Histoire de la Résistance
Le livre de François-Georges Dreyfus sur la Résistance, publié en 1996, est réédité en livre de poche avec une bibliographie mise à jour. Il s’agit d’une large synthèse qui propose un bilan des connaissances, des problématiques et des débats concernant l’histoire de la Résistance. Le livre s’appuie également sur de nombreuses études et documents ou témoignages souvent cités. Il s’attache à décrire les différentes dimensions militaires et politiques de la Résistance, mais aussi la participation des intellectuels et des Églises, le rôle de l’administration et l’évolution de l’opinion publique.
Très vite les premières réactions face à l’occupation apparaissent. Réseaux, plu tôt orientés vers la mise en place de filières d’évasion et surtout de réseaux de renseignement, et mouvements davantage voués à la propagande et à l’action immédiate. François-Georges Dreyfus souligne la rupture que représente novembre 1942. Cette date constitue ainsi un tournant dans l’histoire de la Résistance en France qui distingue deux périodes aux caractères sensiblement différents.
De l’été 1940 à novembre 1942, François-Georges Dreyfus dresse le portrait d’une résistance qui, si elle est particulièrement anti-allemande, demeure, la plupart du temps, attachée à la personne du maréchal Pétain, que l’ensemble de l’opinion publique sait gré d’avoir mis fin aux combats et de permettre de reprendre une existence normale en zone non-occupée. Si la politique du gouvernement de Vichy est critiquée, la personne du maréchal, elle, n’est pas mise en cause. Tout au long de cette période, les résistants, sauf les communistes, bénéficièrent d’une relative bienveillance, voire d’une certaine complaisance selon François-Georges Dreyfus, de la part des autorités répressives françaises qui ont la responsabilité de la zone non occupée. Cependant, l’auteur insiste sur le caractère extrêmement minoritaire des résistants. D’autant plus que jusqu’à cette date, en zone non occupée, le monde rural, soit l’essentiel de la population française, est peu concerné par la guerre. La Résistance apparaît comme un phénomène urbain à ses débuts selon l’auteur.
Après novembre 1942 et l’occupation de la zone Sud, consécutive au débarquement des alliés anglo-américains en Afrique du Nord, la situation se modifie radicalement. L’appareil répressif se trouve renforcé par l’implication de l’Allemagne dans la lutte contre la résistance, dès le 5 avril la Gestapo s’installe officiellement en zone occupée, avant que Laval ne l’autorise, en août, à agir en zone non occupée. L’action des résistants devient alors plus difficile, plus risquée en même temps que la répression se fait plus dure. Cependant, l’opinion publique se fait alors moins indifférente.
Dressant le bilan de la Résistance, l’auteur distingue un bilan militaire, particulièrement positif en ce qui concerne le renseignement, plus modeste en matière de sabotage, mais, selon lui, franchement discutable pour ce qui relève des attentats et des assassinats à l’encontre des soldats allemands en France, du fait des représailles qu’ils entraînent. En revanche, l’action de la Résistance est plus fondamentale au plan politique. En effet, la participation des Français à la libération, au sein de la Résistance leur a permis de se prévaloir d’une légitimité face aux alliés. ♦