Les mensonges de la Seconde Guerre mondiale
Soyons lucides, si la Seconde Guerre mondiale fut fertile en mensonges de toutes sortes, elle ne détient pas pour autant l’exclusivité du procédé, utilisé voire recommandé, en compagnie de sa commère la ruse, depuis le cheval de Troie relayé plus près de nous par les « bobards » de la devancière. Respect de la morale et efficacité ne font pas toujours bon ménage en cas de conflit. Le mensonge est alors… de bonne guerre !
À en croire toutefois Philippe Faverjon, la période étudiée fut particulièrement riche en tromperies et dissimulations diverses. On n’arrête pas le progrès. L’auteur a choisi onze épisodes, la liste n’étant pas forcément exhaustive, puisque pourraient y figurer aussi bien « Fortitude » que les circonstances de Pearl Harbour.
Les cas présentés, tous intéressants certes et plus ou moins notoires (la « mascarade » de Gleiwitz ou la comédie de Theresienstadt étant moins souvent citées que le « bombardement de trop » de Dresde ou « le charnier » de Katyn), ne sont pas « du même pied ». On voit en effet se succéder – et l’auteur l’annonce lui-même en avant-propos – des épisodes tragiques mais isolés, comme ceux qui viennent d’être cités, et des considérations stratégiques et politiques de beaucoup plus grande ampleur, comme la comparaison des potentiels français et allemand en 1940, ou le partage final des zones d’influence. Un jeu astucieux de l’art de la transition permet néanmoins de restituer un semblant d’homogénéité au tout.
Sur le fond, chaque lecteur appréciera selon ses connaissances, ses souvenirs et ses inclinations, la condamnation sans appel de la ligne Maginot ou la défense du comportement de Roosevelt à Yalta. Quant à l’« honneur perdu » de la Wehrmacht, comment imaginer qu’en tant d’années d’affrontements sauvages et « de combats interminables contre les partisans » dans des zones aussi vastes et variées, il soit possible d’obtenir et de maintenir une distinction radicale entre des spadassins tortionnaires et une armée régulière conservant sa « virginité » ?
Voici donc de quoi découvrir parfois, réfléchir toujours : prendre conscience par exemple que la série de sacrifices ponctuels de quelques milliers de kamikazes (un peu désacralisés ici) a débouché sur le déclenchement de l’ère atomique. Il reste que l’utile éclairage apporté par cet ouvrage ne saurait à lui seul remplacer l’étude d’une guerre si longue et si riche en péripéties. Ce serait un mensonge de plus, et celui-là en temps de paix, que de prétendre le contraire et ainsi de dépasser les intentions de l’auteur. ♦