Deuxième dossier de veille stratégique
L’Union européenne s’engage de plus en plus sur la scène internationale ; pas toujours autant qu’on le voudrait, notamment au Proche-Orient, mais sa voix commence à être écoutée. L’adversité renforce même la coopération tandis que les gestions de crise accélèrent sa prise de responsabilités. À l’occasion de l’aide aux victimes du tsunami qui a touché l’Asie du Sud, on l’a bien vu, les plus réticents ont fini par admettre que seul l’échelon européen est pertinent.
La « PESD : veille stratégique » s’attache à suivre toutes ces évolutions et à les mettre en perspective. Son but est bien de comprendre la montée en puissance de la PESD afin d’en souligner toute l’originalité pour nos esprits habitués à raisonner sur des appareils de défense nationaux. L’Europe de la défense est, en effet, à la fois plus vaste qu’une défense nationale (coopération civilo-militaire, politique aérienne, prévention de crise...) mais aussi plus restreinte, notamment du fait des effectifs concernés et des missions assignées.
Ses interactions avec la vie internationale (1) demandent également à être observées de près. Les opinions publiques commencent à s’émouvoir si elles ne voient pas le drapeau européen quand il s’agit d’aller porter secours à des populations en détresse.
À l’époque de la lutte contre le terrorisme, il faut également prendre la juste mesure de l’appareil de sécurité européen et en saisir tous les aspects. C’est le seul moyen d’anticiper son efficacité sur le terrain et d’en déceler les limites. Sans a priori ni rigidité mais avec précision et ouverture d’esprit, la veille stratégique amènera nos lecteurs à constater les forces et les faiblesses de la Politique européenne de sécurité et de défense.
Les relations de sécurité entre l’Union et les États-Unis sont à la croisée des chemins entre tradition otanienne et innovation politique. Mme Guérot nous explique de Berlin comment ces changements peuvent être analysés.
À partir de quand doit-on employer la force ? Jusqu’à quand, et avec quelles précautions, faut-il faire prévaloir les intérêts humains ? À la demande de Javier Solana, des chercheurs européens ont élaboré des propositions pour répondre à ces questions. Le concept nouveau de « sécurité humaine » est détaillé par Mme Schméder qui a pris part aux travaux de ce « Groupe de Barcelone ».
Les attaques du 11 septembre 2001 contre les États-Unis ont accéléré la prise de conscience par les Européens qu’ils avaient aussi un espace aérien à gérer. Les projets, décisions et créations arrivent progressivement à maturité. Finalement, on constate qu’un embryon de stratégie, ou de géopolitique, aérienne est en train de voir le jour. Raphaël Mathieu nous invite à réfléchir à ses implications.
Le général Wosolsobe fait ensuite le point sur les évolutions purement militaires de la PESD. L’œil autrichien est intéressant car il n’est pas que neutre. L’Autriche, comme la Suède ou la Finlande, sont des pays qui, par la force des choses, ont dû mettre sur pied une politique de défense nationale indépendante. Ils savent donc ce que des mots comme stratégie, concept, autonomie, choix veulent dire. En outre, Vienne est géographiquement à la poignée de l’éventail entre les « anciens » de l’Union et les dix « nouveaux » de 2004. Ses évaluations n’en ont donc que plus de poids.
Fabien Terpan, jeune universitaire, résume l’activité politique de l’Union dans les domaines de la Politique étrangère et de sécurité commune (Pesc) et de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD).
L’Europe de la défense se concrétise plus vite qu’on l’imaginait au départ. Est-elle vraiment efficace ? Notre prochain dossier s’efforcera de le mesurer en s’appuyant sur la gestion de quelques crises récentes. ♦
(1) À ce propos, signalons deux rapports fort utiles de l’Assemblée de l’Union de l’Europe occidentale : L’Union et le maintien de la paix en Afrique présenté par M. Goris et Les déploiements de forces européennes dans les Balkans présenté par M. Wilkinson ; www.assembly-weu.org.