La politique musulmane de la France au XXe siècle, de l'Hexagone aux terres d'Islam : espoirs, réussites, échecs
À l’heure où la communauté musulmane de France se structure, où une certaine lecture des conflits afghan et irakien oppose l’Occident chrétien à l’Orient musulman, il n’est pas inutile d’éclairer les esprits sur ce que fut la politique de la France envers l’Islam. Voici une contribution essentielle à cette histoire : l’auteur, limitant son champ d’étude au XXe siècle, analyse un organe méconnu de la politique musulmane de la France : la Commission interministérielle des affaires musulmanes (CIAM).
Créée en juin 1911 sous l’impulsion de députés éclairés, la CIAM est une institution consultative dont la vocation est d’aider le gouvernement à prendre ses décisions. À partir de 1932, elle comporte des représentants musulmans. C’est grâce à cette structure sans précédent qu’émerge une politique musulmane de la France. Celle-ci, au sortir de la première guerre, face à l’ampleur, l’effort de guerre consenti, prend conscience de la réalité des peuples qu’elle a colonisés et sur lesquels s’étend son empire. Pourtant, la CIAM disparaît en avril 1937 pour laisser la place à une Commission d’étude au sein du Haut comité méditerranéen, dépourvue de toute portée exécutive. Ce Haut comité disparaît à son tour, au terme des années 1930, et la politique musulmane se retrouve dès lors dépourvue de structure étatique adaptée.
Hélas, malgré le travail accompli depuis, cette politique est marquée par des visions à court terme. La France semble manquer de chance et ne parvient pas à faire évoluer les territoires et les populations concernés en véritable symbiose avec elle. Sous l’influence des mouvements indépendantistes indigènes et des poussées de l’idéologie communiste, la décolonisation devient inéluctable, dès la charnière du second conflit mondial, même si un sursaut s’est fait jour contre les totalitarismes.
Voici donc un ouvrage passionnant, qui fera connaître au lecteur les rapports qu’entretint la France avec l’Islam, tant dans les colonies qu’en métropole. ♦