Si les États-Unis soutiennent au Kirghizstan, dans les prochains mois, comme ils semblent s’y préparer, une « révolution démocratique », l’Asie centrale est, peut-être, à la veille d’une crise grave. Cette révolution, dite « jaune » ou « des tulipes » promet en effet, étant données les spécificités kirghizes et centre-asiatiques, de ne pas être « de velours ». De plus, l’expression du mécontentement populaire peut faire tache d’huile bien au-delà des frontières du petit Kirghizstan. Les Américains dans la zone n’ont plus l’initiative face au retour en force des Russes, l’arrivée des Chinois, voire l’obstination nucléaire des Iraniens. Ils risquent par un engagement imprudent de susciter une exacerbation du « Très Grand Jeu » qu’ils mènent depuis leur arrivée au Turkestan voici à peine trois ans. Cela se fera au détriment des populations locales et de leur nécessaire démocratisation. Cette dernière doit être menée avec patience et réalisme. L’application aveugle et hâtive par Washington d’un modèle inadapté risque d’annihiler les progrès effectués, notamment en Kirghizie, en faveur d’une société libérale.