D’après Ferdinand Lot, 2 vol. in-8, de 404 et 500 pages (Paris, Payot, 1940).
L'art militaire et les armées au Moyen-Âge et dans le Proche-Orient
À partir du IIIe siècle de notre ère, l’Empire romain subit les attaques des « Barbares ». L’Occident achève, en 476, de succomber sous leurs coups comme sous les effets de sa propre décomposition intérieure. L’Empire d’Orient, au contraire, poursuit ses destinées jusqu’au milieu du XVe siècle. Il fait face, avec des alternatives de succès et de revers, à un monde d’ennemis : Perses, Arabes, Mongols, Turcs, et constitue le premier rempart de l’Europe. Pourtant, ses armées sont numériquement modestes : 20.000 à 30.000 hommes. Mais les grands conquérants de l’Antiquité n’avaient pas disposé de forces beaucoup plus considérables : Alexandre, 35.000 hommes ; Annibal, 30.000 ; César, 45.000. Et c’est avec 20.000 à 25.000 hommes, recrutés pour une part chez les Barbares, que les empereurs romains des IIIe et IVe siècles avaient défendu leur territoire contre des « hordes innombrables » d’envahisseurs qui ne comptaient, en réalité, que quelques dizaines de milliers d’hommes, dont une partie seulement était appelée au combat.
Il y a eu pourtant une révolution dans l’art militaire de l’Occident au IVe siècle. Mais elle a porté beaucoup moins sur le chiffre des effectifs que sur leur composition et leur tactique. C’en est fini de la vieille légion romaine. Le fantassin cède le premier rôle au cavalier chaussé d’éperons, « cuirassé de la tête aux pieds », montant un cheval ferré, sellé et garni d’étriers. La mission de l’infanterie est de ralentir ou de briser l’élan de l’adversaire, de permettre à la cavalerie de se reformer derrière elle après une charge infructueuse, d’occuper le terrain. La cavalerie constitue l’arme de choc par excellence ; elle décide du sort de la bataille.
L’innovation a été empruntée par les Occidentaux aux peuples iraniens, qui la tenaient de l’Extrême-Orient. Adoptée par les Goths, qui subirent les premiers, dans la région du Dniepr, le choc des Huns, puis par les empereurs romains et la plupart des chefs barbares, elle passe si bien dans les habitudes et répond à de telles nécessités qu’elle se perpétuera, pendant un millénaire, jusqu’au milieu du XIVe siècle.
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