Éditorial - 1945-2005
Le soixantième anniversaire de la Victoire sera l’occasion de nombreuses manifestations et publications. C’est aussi le soixantième anniversaire de la Revue des Questions de Défense Nationale.
On relira, avec émotion, l’éditorial d’Alphonse Juin, alors général d’armée, chef d’état-major de la Défense nationale, qui marquait cette reprise de la parution de la revue, lui confiant pour tâche de « remuer les idées qui peuvent servir aux constructions de l’avenir ». « Vaste programme ! » aurait pu dire un autre général, qui signait d’ailleurs le premier article de ce numéro de juillet 1945, et toujours d’actualité.
Les lecteurs attentifs l’auront remarqué, le titre a légèrement évolué puisque depuis janvier 2005, à Défense Nationale nous avons ajouté et sécurité collective, nos réflexions s’étendant à ce domaine également. Ce qui nous conduit naturellement à nous tourner vers l’Europe de la défense.
LE TRAITÉ CONSTITUTIONNEL ET LA PESC
L’Europe de la défense se construit. Il nous a paru opportun, à la veille du référendum de regarder de plus près ce que le Traité constitutionnel dit de la Politique étrangère et de sécurité commune (Pesc). Le lecteur trouvera donc les extraits de ce texte portant plus précisément sur ce point ainsi que le protocole n° 23 traitant de la coopération structurée permanente.
Le sénateur Hubert Haenel et le député européen Alain Lamassoure s’expriment sur ce sujet. L’ambassadeur de France Gabriel Robin également. Le général Favin-Lévêque, au nom d’Eurodéfense, s’intéresse plus précisément à « la Coopération structurée permanente » qui, si le Traité est adopté, permettra, à ceux qui en ont la volonté et les moyens, de progresser vers la défense de l’Europe.
RISQUES
Le dossier de ce mois porte sur le risque ; sur son évaluation et sur les méthodes pour s’en prémunir. Les militaires « brevetés » ont appris « la méthode », dite autrefois de l’École de guerre, et actuellement enseignée au Collège interarmées de défense (CID), sous le nom de méthode Mars. Adaptée à l’action militaire, elle constitue un outil d’aide à la décision mis à la disposition de l’autorité qui prendra, seule, la décision.
Nos lecteurs, civils ou militaires, sont souvent dans cette situation. Ils savent que toute décision est par essence subjective et intuitive ; mais qu’elle repose aussi sur des éléments objectifs. Les moyens modernes de veille et de recueil de l’information, de calcul et de visualisation, permettent d’élaborer ces éléments objectifs avec beaucoup plus de précision.
Sans recherche d’exhaustivité, il vous est présenté quelques exemples de ces nouvelles méthodes qui, malgré l’utilisation fréquente par les spécialistes d’un vocabulaire anglo-saxon ambigu voire abscons (risk assessment, risk management, knowledge management…), apportent aux « décideurs » des réponses aux questions qu’ils se posent. Elles sont a priori transposables d’un domaine d’activité à un autre, et reposent toutes sur le même principe : agir, entreprendre c’est prendre des risques ; autant les connaître plutôt que les ignorer, et prendre les mesures adaptées pour les éviter ou s’en protéger. Telle est notre lecture du principe de précaution.
Ce dossier est dans le droit fil des précédents : « Intelligence économique et renseignement » en décembre 2004, « Géopolitique et criminologie » en mars 2005. Il sera suivi d’un dossier « Logistique » l’été prochain et d’un autre « Protection des personnes et des biens » en automne. ♦