Gendarmerie et sécurité intérieure - Le Centre national de formation à la sécurité routière (CNFSR)
Depuis le 1er janvier 2004, le Centre national de formation motocycliste de la Gendarmerie a changé d’appellation au profit de celle, il est vrai, plus en phase avec le projet de développer son activité, de Centre national de formation à la sécurité routière (CNFSR). Installé en bordure de la forêt de Fontainebleau, le CNFSR est une école de formation centrée sur l’utilisation professionnelle de la motocyclette. Il dispose d’un terrain d’entraînement de 80 hectares avec 10 pistes spéciales aménagées (de difficulté croissante, de la blanche à la noire) et une immense étendue de sable. Fonctionnant depuis 1967 (50 000 officiers et sous-officiers y ont suivi une formation spéciale), il a accueilli, l’an passé, environ 1 800 stagiaires.
Quatre types de formation dispensés au CNFSR
Le pré-stage « a pour objectif de sélectionner les futurs candidats (officiers, gradés et gendarmes) lors d’un stage de formation en vérifiant leur aptitude à la conduite des motocyclettes dans la Gendarmerie et de délivrer le brevet militaire de conduite des motocyclettes de grosse cylindrée ». D’une durée d’une semaine (31 par an), il s’effectue par groupe d’une vingtaine de stagiaires (âgés de moins de 35 ans, aptitudes physiques, taille au moins 1,70 m), avec un tronc commun officiers et sous-officiers (Code de la route et pratique moto). On ne peut participer à plus de deux pré-stages.
Le stage de formation « a pour but de faire acquérir : la maîtrise du pilotage des motocyclettes de grosse cylindrée ; l’acquisition d’une compétence professionnelle théorique et pratique suffisante pour l’exécution des missions courantes de police sur la route ; un savoir-être par la rigueur du comportement et la qualité des relations avec les usagers ; une meilleure condition physique par la pratique soutenue de diverses activités sportives ». Trois stages sont organisés chaque année pour former des gendarmes départementaux en activité ou sortant de l’École des sous-officiers de la Gendarmerie (ESOG). La formation (410 à 440 heures), qui dure onze semaines se répartissant en séances de pilotage, de mises en situation et d’enseignements théoriques, est sanctionnée par deux examens (le premier durant la sixième semaine, le second en fin de stage).
Le stage évaluation-perfectionnement destiné aux gradés (6 par an, d’une durée de 2 semaines) « a pour but tous les huit ans : de s’assurer de l’aptitude technique des stagiaires à la maîtrise des motocyclettes ; d’évaluer leurs connaissances professionnelles théoriques ; de perfectionner leur formation dans le domaine du commandement ; d’améliorer leurs connaissances dans le domaine de la sécurité routière ; de contrôler leur condition physique » ; pour les gendarmes (20 par an, d’une durée de 2 semaines) : « ce stage a pour but tous les huit ans : de vérifier l’aptitude technique des stagiaires à la maîtrise des motocyclettes ; d’évaluer leurs connaissances professionnelles ; de perfectionner leur formation (nouvelles réglementations, police des transports) ; de contrôler leur condition physique ». Ces stages ne donnent lieu qu’à peu d’éliminations : un à deux gendarmes par an sont sortis de la technicité à l’issue du stage. En cas d’échec ou de blessure, le motocycliste a la possibilité de revenir six mois plus tard, sans pour autant recevoir une formation lui permettant de se remettre à niveau.
Les stages spéciaux, à savoir : les stages de sélection instructeurs-formateurs permanents (1 semaine, 1 à 8 stagiaires, 2 par an) ; les stages de sélection instructeurs détachés (1 semaine, 6 stagiaires, 3 par an) ; les stages de commandants d’escadron départemental de sécurité routière (4 semaines, 20 à 40 stagiaires, 1 par an) ; les stages nouveaux gradés (4 semaines, 10 à 20 stagiaires, 1 par an) ; les stages formation tout-terrain (1 semaine, 20 stagiaires, 10 par an) ; les stages filature (1 semaine, 20 stagiaires, 6 par an).
Les gendarmes amenés à participer à un stage de formation subissent, en quelque sorte, une immersion dans l’univers de la moto. Depuis quelques années, l’amélioration des conditions d’hébergement et un assouplissement de la pression de l’encadrement — redoutée par les stagiaires qui se sont succédé — rendent moins difficile cette formation professionnelle exigeante physiquement, notamment pour les gendarmes sortis de l’école depuis plusieurs années.
Pour les motocyclistes appelés à revenir tous les huit ans pour le stage « Éval », les choses paraissent différentes : en effet, il s’agit, pour eux, non seulement de vérifier leur aptitude, mais aussi de demeurer dans la spécialité. Même si la perte de la qualification de motocycliste au terme du stage demeure exceptionnelle, elle n’en est pas moins perçue comme une sanction, assortie éventuellement d’un effet couperet. La difficulté technique des pistes proposées aux stagiaires conduit un nombre important à éprouver une double crainte : celle de ne pas être à la hauteur, de ne pas parvenir à franchir les obstacles alors qu’ils sont censés être des motocyclistes expérimentés ; celle de subir une chute avec ses conséquences physiques et professionnelles.
Pour autant, les stagiaires reconnaissent généralement un intérêt indéniable à cette remise en cause périodique, en termes d’approfondissement professionnel, de contrôle de leur condition physique (et de leur sécurité), mais aussi parce qu’elle est de nature à les sortir d’un quotidien généralement centré sur l’activité de verbalisation, en leur permettant de se retrouver entre motards. Si cette évaluation individuelle porte principalement sur la pratique de la moto, c’est-à-dire sur la maîtrise de l’outil de travail, et non sur la performance, en particulier dans le domaine de la réglementation, elle n’en constitue pas moins une certaine exception, comparativement aux autres « métiers » de la Gendarmerie (cette évaluation existe de manière collective pour les gendarmes mobiles à l’occasion du passage de leur escadron au Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie de Saint-Astier, mais n’intervient pas, par exemple, pour les enquêteurs ou encore pour les spécialistes montagne).
Dans une démarche prospective, le CNFSR peut être appelé à jouer un rôle prépondérant dans la montée en puissance de la mission de sécurité routière de la Gendarmerie, à partir du moment où son activité ne se limitera plus au seul apprentissage, pour indispensable qu’il puisse être, du pilotage motocycliste et de la réglementation routière.
Pour ce faire, diverses mesures pourraient utilement intervenir :
– la mise en place d’une formation pour le personnel non-motocycliste des unités d’autoroute (« piétons »), de manière à valoriser son activité, en lui permettant notamment d’acquérir une maîtrise du contrôle des poids lourds (coordination des transports) ;
– la déconcentration des stages évaluation-perfectionnement au niveau des régions de Gendarmerie, grâce à des équipes de formateurs itinérants pouvant procéder, outre les séances de mise à jour des connaissances théoriques et pratiques, à une évaluation en situation (sur route et en service) des motocyclistes ;
– la constitution d’une banque d’expériences alimentée et mise à jour par les formateurs permettant de dégager des éléments d’analyse et de réflexion, communiqués régulièrement à l’ensemble du personnel au moyen du réseau Intranet ;
– la promotion de l’emploi de la voiture en matière de sécurité routière, avec la mise sur pied de stages de pilotage pour le personnel des unités d’autoroute, mais aussi des brigades territoriales et des pelotons de surveillance et d’intervention de la Gendarmerie (PSIG) ;
– l’ouverture de la formation motocycliste aux autres administrations (police nationale, polices municipales, douanes…), ainsi que l’organisation de séminaires sur la sécurité routière au profit de magistrats, d’ingénieurs de la DDE, d’enseignants, de policiers… ♦