« L’Ukraine a toujours aspiré à être libre, mais entourée de la Moscovie, des États du Grand Seigneur et de la Pologne, il lui a fallu chercher un protecteur, et par conséquent un maître dans ces trois États. Elle se mit d’abord sous la protection de la Pologne qui la traita trop en sujette : elle se donna depuis au Moscovite qui la gouverna en esclave… » ⁽¹⁾. Ce constat, fait par Voltaire au XVIII^e siècle, semble ne plus être une réalité depuis cet hiver. La « Révolution orange » a porté au pouvoir, au sens littéral du terme, Viktor Iouchtchenko, candidat à la présidence ukrainienne prônant une émancipation vis-à-vis de Moscou et un rapprochement avec l’Union européenne. Aussi, le 26 décembre 2004, Pierre Lellouche, député français, a déclaré avant que la vague du raz de marée dans le Sud-Est asiatique ne recouvre ses propos, que l’Ukraine aurait plus sa place dans l’Union européenne que la Turquie. L’Occident venait de découvrir qu’un pays vaste comme la France et vieux de huit siècles existait en Europe et était sur le point d’accéder à sa quatrième indépendance grâce à une révolution pacifique ⁽²⁾.

Après la Géorgie et les Pays Baltes, l’Ukraine se détache de l’orbite de Moscou. Le gouvernement russe considère désormais ces manœuvres menées au nom de la démocratie et des droits de l’homme comme une agression directe. La presse russe parle d’une « alliance orange » ou d’une « coalition russophobe » ⁽³⁾.

Dans cet environnement, quel peut être l’avenir de l’Ukraine ? Doit-elle choisir entre la Russie, ancienne puissance tutélaire, et l’Europe, nouvelle puissance d’attraction ; ou tenter de maintenir un difficile équilibre entre ces deux puissances ?