Doctrinalement et politiquement promue en Grande-Bretagne, la théorie de la résilience offre une approche innovante en matière d’antiterrorisme. Cherchant à limiter les effets traumatiques des attentats terroristes sur les populations, elle permet également, si elle est bien comprise, de renforcer la cohésion sociale, permettant in fine d’en faire un élément d’un système de dissuasion limitant l’effet de terreur. Cet article en présente le concept, de même que les grandes catégories d’éléments permettant de la renforcer.
La résilience, nouveau bouclier au terrorisme ?
Resilience – a new shield against terrorism?
The theory of ‘resilience’ that is doctrinally and politically promoted in Britain offers an innovatory approach to the subject of anti-terrorism. It seeks to limit the traumatic effects of terrorist attacks on populations and, if well implemented, also promotes social cohesion, enabling this to become part of a deterrent system limiting the effect of terror. This article presents the concept as well as the major categories of elements enabling resilience to be strengthened.
Les attentats de Londres viennent tragiquement de le rappeler, le terrorisme peut frapper, malgré la qualité du travail fourni par les services de renseignement et de sécurité. Les commentateurs comme les autorités politiques ont été prompts à mettre en évidence la capacité de la population britannique à conserver une dignité considérée comme exemplaire et rappelant celle des Madrilènes. Si la sociologie nous apporte, dans la compréhension de ce phénomène — qualifié de résilience — des clés utiles, elle pourrait également nous offrir la possibilité de l’optimiser dans le sens d’un nouvel apport aux stratégies contre-terroristes.
Les bases du concept
Définir ce qu’est la résilience reste difficile. Plusieurs définitions coexistent, mais l’on peut considérer qu’elle est « l’aptitude, de l’individu comme d’une société donnée, à dépasser le traumatisme psychologique généré par une situation de crise ». Cette dernière est alors vue comme une situation que les moyens traditionnellement à la disposition des autorités ne permettent pas de régler, de sorte que la résilience peut s’observer tant dans les réactions face à une catastrophe technologique qu’à un désastre naturel ou à un acte de terrorisme. En effet, par définition, les actes terroristes sont marqués par un caractère relativement aléatoire mais mettant en évidence la recherche d’effets psychologiques sur les populations.
Ces effets peuvent être soit la recherche pure et simple de la terreur ; soit des effets politiques collatéraux (le retrait des forces espagnoles d’Irak) ou encore économiques (les baisses systématiques des Bourses occidentales, dès l’annonce d’attentats sur le sol européen). Observons ici que le facteur psychologique, trop peu considéré dans nos stratégies contre-terroristes, est à bien des égards déterminant de nombreuses décisions, dans tous les domaines d’activité. Économiquement, une situation de croissance ne peut être envisageable qu’une fois la confiance des consommateurs obtenue. Politiquement, toute décision est le reflet d’une analyse fondée sur des perceptions d’une situation donnée. Au demeurant, cette situation n’est guère nouvelle. Clausewitz soulignait déjà que le domaine moral prédominait sur tout autre, de sorte qu’il n’envisageait une victoire qu’au moment où l’adversaire reconnaissait avoir perdu.
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