Annoncé le 15 décembre 2005, le rapprochement des activités navales françaises de Thales avec DCN est présenté par M. Denis Ranque, président-directeur général de Thales.
Naissance d'un champion naval militaire
Birth of a combat fleet champion
Denis Ranque, the Chairman and Managing Director of Thales, explains his view of the closer union of Thales’s French naval activities and DCN, announced on 15 December 2005.
Pour une industrie navale compétitive et pérenne en Europe
Toute politique de défense suppose une définition des objectifs et un dimensionnement de l’outil de défense à mettre en œuvre. C’est la mission des responsables politiques de définir et de décliner cette vision en expliquant les orientations stratégiques à engager. C’est le rôle, ensuite, des armées, de préparer les forces afin qu’elles soient en mesure d’exécuter les missions qui leur sont confiées. Enfin, c’est le rôle des industriels, en s’appuyant sur une base scientifique, technique et industrielle de défense, d’équiper les forces et de contribuer à leur maintien en condition opérationnelle.
La multiplication, la diversité et le caractère souvent asymétrique des crises régionales et locales démultiplient les champs et les moyens de la stratégie et requièrent une véritable révolution dans les affaires militaires.
D’où la nécessité de repenser les politiques de défense, dans leur définition et dans leur contenu ; ce qui suppose, à la fois, un effort de réflexion, un effort de remise en cause et d’adaptation, et un effort financier. À cet égard, il est commun de rappeler que les États-Unis ont plusieurs longueurs d’avance avec une réflexion stratégique d’une grande richesse, une industrie de défense qui a su très tôt effectuer sa restructuration jusqu’à la constitution de quelques très grands groupes (Northrop Grumman, General Dynamics…) soutenus par un budget de la défense en constante augmentation.
En face, l’Europe donne l’impression d’être en retard : morcelée, avec des budgets qui restent globalement insuffisants, un paysage industriel européen qui tarde à accomplir sa consolidation, en particulier dans les secteurs terrestre et naval.
Cette situation ne peut durer, et des consolidations se mettent en place dans le secteur naval : en Allemagne, avec la création de TKMS ; en Espagne, avec celle de Navantia ; et maintenant en France avec le rapprochement des activités industrielles navales militaires françaises qui a été annoncé le 15 décembre 2005. Il s’agit là d’une étape importante menée avec le plein soutien de l’État qui donne naissance à un champion national qui pourra jouer dans la cour européenne et mondiale.
Ce projet industriel vise à regrouper au sein de DCN les activités navales françaises de Thales ; celui-ci prenant une participation au capital de DCN à hauteur de 25 %. La finalisation de l’accord devrait intervenir d’ici à l’été 2006.
Thales, au cœur de la construction de l’Europe de la défense
Pour Thales, il s’agit d’un grand projet industriel cohérent et équilibré qui assurera la participation du Groupe à la construction de l’Europe navale de la Défense.
Cet accord s’est fait sur des bases justes et équilibrées pour l’ensemble des parties. Thales est un groupe industriel crédible et performant dans le domaine de l’électronique de défense. Il devient pour DCN l’actionnaire industriel partenaire avec une participation de 25 % au capital de DCN aux côtés de l’État qui en conserve 75 %. Afin de mener à bien sa mission « d’actionnaire partenaire », Thales disposera de droits lui permettant de jouer un rôle actif au sein du Conseil d’administration. Un accord de coopération industrielle et commerciale sera également mis en place entre DCN et Thales, qui permettra le développement des deux groupes et de leur personnel en favorisant la recherche de complémentarités, en particulier sur les investissements techniques et technologiques. Thales aura par ailleurs la possibilité, à l’échéance de deux ans, dans le cadre d’un nouveau pacte d’actionnaires, de porter sa participation à 35 %, notamment par apport d’actifs industriels complémentaires.
Cet accord consolide une collaboration fructueuse que le Groupe avait engagée avec DCN à travers des programmes menés en coopération, tels que les frégates Horizon, le programme Sawari ou encore plus récemment le programme Fremm. Cette collaboration s’était également concrétisée par des sociétés communes : Armaris et ses filiales, MOPA2, la société dédiée au second porte-avions.
Le rapprochement commencé évitera une concurrence franco-française qui affaiblissait les deux acteurs industriels et qui ne pouvait continuer dans les budgets de défense contraints. Il permettra un partage des savoir-faire, une concertation dans la politique de R&D. Il apportera aussi une simplification de l’organisation industrielle et contractuelle des grands programmes au profit des clients.
Thales, qui dispose déjà d’un réseau commercial d’exportation très développé, permettra en outre à DCN d’accéder aux marchés mondiaux pour le bénéfice des deux groupes.
Par ailleurs, Thales, ayant conservé en son sein son activité d’équipementier (sonars, radars, communications…), pourra proposer ses équipements à DCN dans le cadre des offres globales que l’entreprise sera amenée à faire. Les équipements du Groupe Thales seront mis en compétition et sélectionnés en priorité à conditions égales.
Nous sommes donc bien là dans une réelle dynamique de construction à l’échelle de l’Europe, même si nous observons encore ici ou là des réflexes nationalistes. Je veux croire que face aux enjeux rappelés en introduction, nous parviendrons à dépasser ces blocages car l’industrie européenne navale de la Défense a de vrais atouts à faire valoir : de réelles compétences technologiques, des positions de leadership commercial, et des programmes structurants qui soutiendront cette consolidation.
Ce rapprochement entre DCN et Thales est une première étape sur laquelle nous pouvons nous appuyer pour passer des accords avec d’autres pays européens qui partagent cette vision. ♦