Les lois dont on parle le plus ne sont pas celles qu’on connaît le mieux. Vue de France et du siècle qui nous donne l’apparence de l’avantage, 1905, en effet, apparaît comme l’année de la laïcité victorieuse. Sait-on, par exemple, que le mot « laïcité »ne se trouve pas dans la loi de 1905 ? Il y est question de la séparation, de libre exercice des cultes, de liberté de conscience, d’associations cultuelles, de lieux de cultes et même de police des cultes. Et pourtant, nul ne peut contester que cette loi demeure l’acte fondateur et la grande référence de la « laïcité à la française ». Votée le 3 juillet par les députés, le 6 décembre par les sénateurs et promulguée dès le 9 décembre, elle incarne en réalité une conception nouvelle et positive de la laïcité, sans équivalent dans d’autres nations, marquant la fin d’une querelle plutôt que sa relance.
Parmi les livres - Histoire de la laïcité à la française
Cet ouvrage (1), par un récit simple accompagné de documents et abondamment illustré, fait revivre l’histoire de la loi de 1905. Articulé en trois volets, il retrace toute l’histoire de France sous l’angle des rapports entre le pouvoir politique et les religions. D’abord, en parcourant les siècles de la monarchie catholique à la République laïque ; puis en relatant les épisodes de la séparation, du conflit violent à l’équilibre républicain ; enfin en suivant les relations de l’État avec les cultes depuis un siècle jusqu’à nos jours. Ce retour sur les siècles passés permet de mieux comprendre ce que recouvre le principe de laïcité. Consolidation d’un savoir sur ces questions, l’ouvrage offre au plus grand nombre de nos concitoyens une connaissance éclairée, tant historique que juridique et sociologique.
La laïcité ne s’est pas faite en un jour. La IIIe République a commencé tout d’abord par séparer l’école de l’Église, avec Jules Ferry, avant de séparer les Églises de l’État, avec Aristide Briand et Émile Combes. Aujourd’hui, ce principe d’ordre constitutionnel repose sur un ensemble de lois dont la plus emblématique est naturellement la loi du 9 décembre 1905 qui est un fondement de notre pacte social. En cela la laïcité est un élément structurant de la société française, et il n’est pas possible d’apprécier l’apport et la richesse du principe de laïcité sans en connaître les sources et sans savoir le mettre en perspective.
L’un des effets de la loi de 1905 a été d’assurer définitivement la neutralité de l’espace public. La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte. Cet acquis est aujourd’hui unanimement respecté et même reconnu. Le principe de la liberté religieuse, indissociable de celui de la neutralité de l’espace public, est une caractéristique de notre société. C’est bien pour cette raison que l’équilibre subtil instauré par la loi de 1905, et qui a été vivifié tout au long du siècle dernier par les décisions des pouvoirs publics et de la jurisprudence administrative, doit être préservé. Car, en régime de laïcité, toutes les religions ont leur place, à égalité de droits, quel que soit leur statut, leur ancienneté ou le nombre de leurs fidèles.
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