Les rivalités de puissance se développent en Asie, malgré la multiplication des structures régionales de dialogue. Elles se traduisent par un développement sensible des capacités militaires (Chine, Japon, Inde) et par une intense activité diplomatique, sous le regard vigilant des États-Unis qui jouent leur propre jeu.
Les grands enjeux stratégiques en Asie
Major strategic issues in Asia
An appreciable increase in military capabilities in China, Japan and India, and intense diplomatic activity under the watchful eye of the United States (playing its own game, as ever), are clear signs of heightened power rivalry in Asia. And this, despite an increasing number of structures available for regional dialogue.
Derrière les apparences, en dépit du discours dominant sur les progrès de la régionalisation et de l’intégration économique, les relations internationales en Asie offrent la particularité d’être toujours régies par les enjeux de puissance et les principes de la real politik, comme en témoigne le renforcement continu des arsenaux conventionnels ou nucléaires dans la région ; ceci d’autant plus que la fin de la guerre froide (1), et l’autonomisation stratégique de la région qui en a découlée, ont autorisé l’expression plus brutale d’ambitions anciennes appuyées sur des moyens matériels nouveaux (2).
On peut constater en Asie la cohabitation pragmatique des progrès de l’interdépendance économique et ceux d’un repli stratégique sur des intérêts strictement nationaux de la part de certaines puissances, aux premiers rangs desquelles la république populaire de Chine (RPC). Au niveau régional, l’interdépendance économique progresse, les projets de zones de libre-échange se multiplient, même si ces projets sont aussi le champ d’expression des rivalités de puissances. Politiquement, les structures de dialogue régionales et sub-régionales prolifèrent. On constate une inflation institutionnelle de structures bilatérales, multilatérales, régionales, extrarégionales, dont l’une des principales caractéristiques demeure toutefois le déficit d’efficacité en période de crise.
Par ailleurs, cette inflation de structures témoigne en réalité de la persistance de rivalités irréductibles. Chaque puissance, en effet, tente de contrôler le dialogue régional, selon un modèle mis en évidence par les orientations de la politique de sécurité de la Chine, dont les caractéristiques systémiques façonnent la structure et les modes de fonctionnement des relations internationales en Asie, derrière les apparences du multilatéralisme.
Il reste 91 % de l'article à lire
Plan de l'article