La rigidité et la paranoïa sécuritaire du régime nord-coréen, véritables repoussoirs pour les investisseurs potentiels, expliquent les échecs répétés des tentatives de modernisation du pays. Les mêmes facteurs, aggravés par l’inflexibilité américaine, freinent l’efficacité des pourparlers à six pour éliminer les armes nucléaires de Pyongyang. Plus placide que les Occidentaux, la Chine prône la patience et la négociation pour tenter de freiner les proliférations nucléaires nord-coréenne et iranienne. Sachant qu’il est difficile de contrôler le temps, et dangereux de vouloir en précipiter le cours, elle s’applique à maîtriser son espace stratégique au Moyen-Orient et en Asie du Nord-Est. Prudente, elle se met en mesure de protéger ses approches stratégiques à l’est et ses lignes terrestres d’approvisionnements en énergie vers l’ouest.
Chine-Corée du Nord : maîtriser l'espace, se soumettre au temps
China and North Korea: control of the strategic environment, and patience
Repeated failures in attempts to modernise North Korea are a direct consequence of the rigidity and security paranoia of the regime there, acting as major disincentives to potential investors. It is these same factors, aggravated by American inflexibility, which make the six-party negotiations on eliminating Pyongyang’s nuclear weapons so ineffective. In a rather more calm approach than that of Western countries, China favours patience and negotiation in the attempts to slow North Korean and Iranian proliferation. Knowing how difficult it is to manage time and how dangerous to hurry events, China is addressing the control of its strategic environment in the Middle East and North-East Asia. Ever prudent, it is giving itself the capacity to protect its strategic approaches to the east and its land-based energy supply lines to the west.
« L’espace est le champ de la puissance des hommes, le temps celui de leur impuissance ».
Spinoza
Il a fallu attendre plus d’une semaine avant que les médias chinois ne rendent compte, le 18 janvier dernier, de la présence en Chine, dans le Sud d’abord, puis à Pékin, de l’énigmatique dirigeant nord-coréen Kim Jong Il. La rumeur, d’abord démentie par le porte-parole du gouvernement chinois, avait filtré le 10 janvier à partir d’une dépêche de l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, qui citait une source anonyme des services de renseignement sud-coréens. Le fait que, comme à son habitude, Kim Jong Il ait voyagé à bord de son train spécial fermé et lourdement gardé, a donné à l’épisode un parfum de guerre froide, rappelant les vieux romans d’espionnage des années 50. Le compte rendu des médias chinois est resté laconique et convenu, montrant un Kim Jong Il serrant la main des dirigeants chinois, à la tête d’une délégation officielle assez réduite (1), vêtu de son éternel blouson beige, coiffé à la diable et le regard un peu absent.
Les étranges voyages secrets de Kim Jong Il
Au XXIe siècle, il y a dans ces déplacements secrets en train — c’était le quatrième en cinq ans — quelque chose d’exotique, de suranné et de pathétique. Ils illustrent d’abord à quel point l’horizon du maître de Pyongyang s’est rétréci, enfermé dans son pays, devenu un cul-de-sac idéologique et économique, ouvert presque exclusivement à cette unique option de voyage par le cordon ombilical chinois (2).
Il reste 90 % de l'article à lire
Plan de l'article