À la base des phénomènes de « renaissance militaire » on trouve toujours un choc politique, un choc doctrinal, un choc technique. La France, orpheline d’un modèle politico-militaire centré naguère sur la dissuasion, connaît aujourd’hui son « choc politique ». Notre armée, elle, cherche sa voie entre le défi de la « Transformation » et les déconvenues de la « maîtrise de la violence ». C’est dans la mise au point d’un art opérationnel innovant fondé sur la manœuvre, moyen de sortir par le haut de notre actuel isolement stratégique, que la France peut connaître sa « renaissance militaire ».
Renaissance militaire française
French military renaissance
At the heart of every recurrence of ‘military renaissance’ one will always find a shock, whether political, doctrinal or technical. France, orphan-child of a politico-military model based hitherto on deterrence, is today experiencing its ‘political shock’. Our armed forces are seeking a way between the challenge of ‘Transformation’ and the frustrations of ‘violence-control’. It is by refining an innovative operational art based on manoeuvre as a way of rising above our current strategic isolation that France can achieve its ‘military renaissance’.
Peut-on espérer voir, un jour, la France redevenir une grande nation militaire ?
Dans la perspective de l’échéance politique de 2007, une remise à plat des ressources, du format et des missions des forces armées françaises n’est pas à exclure. Les traits de la conjoncture présente — graves difficultés budgétaires, écrasante prépondérance militaire américaine, alliances de la France floues ou distendues, vaporisation des forces sur une multiplicité de missions et de théâtres — doivent nous inciter à réfléchir aux phénomènes de longue durée et aux racines historiques de l’ascension et du déclin des armées. Des leçons peuvent en être tirées afin d’orienter la pensée et l’action dans le sens d’une renaissance militaire française.
Renaissances militaires, renaissances nationales
Les grandes armées n’échappent pas à la défaite ; mais leur histoire est clairement scandée de « renaissances militaires ». C’est le nom, apprenons-nous chez Soljénytsine dans Août 14, que prit le mouvement de renouveau dans l’armée russe, conduit par les « Jeunes Turcs » de l’Académie militaire, après la défaite de 1905. C’est le même phénomène que l’on constate dans l’armée prussienne après Iéna en 1806, sous la houlette de Clausewitz, Scharnhorst et Gneisenau, ou après 1918 avec Von Seeckt, Guderian, Lutz. Enfin, songeons au
Military Reform Movement de l’armée américaine dans les années 80.
Il reste 95 % de l'article à lire
Plan de l'article