La Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat a organisé une table ronde le 14 juin 2006, présidée par M. Serge Vinçon, sur la dissuasion nucléaire française, organisée en trois séquences : analyse du contexte stratégique présent et prévisible à moyen terme, ainsi qu’aux conséquences à en tirer sur le rôle de la dissuasion, afin d’apprécier en quoi notre doctrine de dissuasion répond ou non aux menaces actuelles et à celles qui se profilent ; les moyens consacrés à la dissuasion, leur adéquation à la doctrine et leur compatibilité avec les autres priorités de défense ; l’examen de la situation au Royaume-Uni et au sein de l’Otan, ainsi qu’aux perspectives offertes dans le cadre d’une Europe de la défense plus affirmée.
Dissuasion nucléaire française
French Senate debate on nuclear deterrence (extracts)
The Senate committee on foreign affairs, defence and the Armed Forces met at a round table session on 14 June 2006 to discuss French nuclear deterrence. Serge Vinçon presided the discussion, which covered three aspects of the subject: first, an analysis of the current and medium-term future strategic contexts and their consequences for the role of deterrence, and thus whether or not current doctrine is matched to current and future threats; second, the assets dedicated to deterrence, how well they reflect doctrine and how they fit in with other defence priorities; and finally an examination of Britain’s position within NATO along with future possibilities arising from closer European defence cooperation.
M. Serge Vinçon a rappelé que Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense, avait évoqué, devant la commission, le 1er février 2006, les différents aspects du discours prononcé le 19 janvier 2006 à l’Île Longue par le président de la République (1) ; discours qui avait confirmé, avec un éclairage nouveau, celui de juin 2001, par lequel le chef de l’État avait défini le rôle des forces nucléaires dans le nouveau contexte stratégique.
Régulièrement, certaines voix s’élèvent pour estimer qu’un volet aussi fondamental de notre politique de défense méritait un plus large débat public. La Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a toujours examiné de manière approfondie les moyens consacrés à la dissuasion nucléaire et les choix stratégiques qui les sous-tendent, que ce soit lors des lois de programmation militaire ou lors du vote des crédits de la défense. Il est nécessaire de mieux définir et expliquer les termes du débat, qu’ils concernent les évolutions de l’environnement de sécurité de la France, le rôle que peut y jouer la dissuasion, les moyens pouvant assurer sa crédibilité ou encore la part des ressources qu’il faut lui consacrer, au regard des autres priorités de notre politique de défense.
Ce débat est opportun, quelques semaines après le discours du président de la République, et à quelques mois d’une échéance politique majeure pour la France, qui serait l’occasion de débattre des grands choix de défense et de sécurité, le futur gouvernement issu des urnes ayant la charge de préparer une nouvelle loi de programmation militaire. Le président Serge Vinçon a ensuite accueilli le général Henri Bentegeat, chef d’état-major des armées, soulignant que ce dernier avait appelé de ses vœux qu’un écho plus large soit donné aux questions liées à la dissuasion ; M. Daniel Verwaerde, directeur des armes nucléaires à la direction des applications militaires du Commissariat à l’énergie atomique ; Sir Michaël Quinlan, consultant à l’Institut international d’études stratégiques de Londres ; et M. Bruno Tertrais, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique.
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