Aussi loin que l'on remonte, l'homme a cerné les bénéfices qu'il pouvait tirer de la maîtrise de la mer et les États n'ont eu de cesse de se tourner vers les débouchés que celle-ci offrait pour assurer leur domination. Elle est espace d'affirmation de la souveraineté d'un État, de son économie et de son influence. La mer représente pourtant aussi un espace à risques. La mondialisation des échanges, la nouvelle donne géopolitique et la prolifération des menaces qui caractérisent le monde moderne font de sa maîtrise un enjeu pour lequel seule une défense française forte, s'inscrivant dans un cadre européen, peut être une réponse adaptée.
La défense et la mer
Defence and the sea
Since Antiquity, man has been well aware of the benefits brought by mastery of the sea, and states have continuously sought for ways to exploit it to exercise their power. The sea is an area in which states can affirm their sovereignty and exert their economic strength and influence. Yet it is also an area of risks. Globalisation of trade, the new geopolitical scene and the proliferation of threats in today’s world are such that mastery of the sea is an issue that calls for strong French defence within a European framework.
La mer représente depuis l’Antiquité un enjeu stratégique dans la construction des grandes puissances. L’Europe ancre ses racines dans la culture antique et singulièrement athénienne, celle de la cité-État, dont le rayonnement et la puissance ne furent jamais aussi grands que lors de ses victoires navales contre les Perses et la Ligue de Délos. Depuis Mahan, les Anglo-Saxons ont théorisé l’inéluctable domination du « maître de la mer » sur celui de la terre. Conscientes de cette réalité, les puissances navales ont toujours utilisé la mer pour favoriser leur économie et leur commerce ou pour faire peser la menace de leurs flottes.
Pour les hommes, la mer et les océans sont un lieu de liberté. Ils constituent un facteur de richesses et de force pour les puissants. Ils représentent aussi une source de risques et de dangers pour les faibles. Depuis plus de trente ans apparaissent donc des préoccupations qui limitent la liberté liée à l’espace maritime. Le droit des États s’étend au-delà de la mer territoriale. Les océans, comme les terres, ne sont plus regardés comme un capital infini. Ils doivent donc être organisés et gérés collectivement dans l’optique de leur pérennité pour les générations à venir. La volonté de limiter les dangers potentiels conduit à leur organisation et à leur gestion collective.
Le rôle stratégique des océans et des mers fait de sa maîtrise un enjeu de sécurité et de puissance. La France doit donc y jouer un rôle de premier plan dans le cadre de sa politique de défense et dans une perspective européenne.
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