Le monde arctique est désormais tributaire du réchauffement de la planète : modifications de la banquise, des ressources halieutiques, des voies maritimes russe et canadienne. De vastes gisements pétroliers et gaziers (mer de Barents), l’exportation terrestre et maritime des matières premières, le développement des méthaniers, les risques de pollution nucléaire (péninsule de Kola russe), les enjeux de souveraineté et les zones d’influence, de même que l’importance de la région pour la Missile Defense américaine, sont autant de dossiers-clés pour cet ensemble géostratégique évolutif.
Le Grand Nord, nouvel espace géopolitique
Le monde arctique
The far North, a new geopolitical arena
The Arctic is as of now hostage to global warming, with changes to the icecap, to fish stocks and to Russian and Canadian sea-routes. Huge oil and gas fields (Barents Sea), exports by land and sea of raw materials, the development of methane tankers, nuclear pollution risks (the Russian Kola Peninsula), the question of sovereignty and zones of influence, as well as the importance of the region for American missile defence, are all crucial issues in this changing geostrategic arena.
Les raisons de s’intéresser au Grand Nord arctique sont de plus en plus nombreuses. À ce titre, il est heureux que 2007-2008 ait été déclaré Année polaire internationale (près de 70 nations devraient s’y associer). D’abord, le réchauffement de la planète est devenu une réalité incontestée : les changements climatiques sont en cours. La calotte glaciaire continue à fondre depuis les années 70 : les cartes-satellites l’illustrent à l’envi, ainsi que les relevés de sous-marins nucléaires américains et soviétiques, outre les commandants de brise-glace et de bateaux d’expédition polaire. Cela est d’un grand effet à long terme, pour quantité d’activités humaines, pour l’habitat, pour la faune et pour la flore.
Le niveau de la mer s’élève : dans l’absolu, si les glaces du Groenland fondaient totalement, la hausse serait de sept mètres. La salinité des eaux se modifie : si la banquise est salée, les icebergs sont constitués d’eau douce puisqu’ils proviennent des glaciers. Les courants évoluent : l’eau froide, issue de la fonte polaire, s’enfonce sous le Gulf Stream. Les ressources halieutiques et la pêche sont touchées : habitués à une température appropriée, les poissons migrent et l’on se souviendra que la morue est l’une des grandes ressources de la Norvège (la pêche y est le deuxième poste d’exportation) (1). L’érosion des glaciers est patente : si l’Antarctique est un véritable continent (14 millions de km2 soit 1,7 fois le Brésil) qui culmine à 5 140 mètres et reste loin des hommes (à 3 600 kilomètres du Cap), l’Arctique est bel et bien un océan pourvu d’une multitude de glaciers, dont les îles sont habitées et proches de grands centres humains (Canada, pays scandinaves, Finlande, Russie…). L’exploitation des ressources naturelles en mer (pétrole et gaz) devient considérable : les Américains via l’Alaska, les Norvégiens et les Russes via la mer de Barents. Les écosystèmes se transforment : populations autochtones, peuplement, économie, transports, tourisme.
Bref, l’Arctique se réchauffe plus vite que toute autre région du monde, la mer de Barents étant particulièrement concernée. Sans céder au lyrisme écologique, on peut affirmer qu’au cours du XXIe siècle, les changements sont certains (2).
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