L’accès à l’eau, droit universel à transformer en réalité ; autrement dit gagner la bataille de l’eau pour tous en créant les conditions de l’exercice des responsabilités des acteurs publics et privés. Des solutions techniques existent (concession, gestion des services, lutte contre les fuites), mais c’est bien un transfert de compétences, de savoir-faire, d’ingénierie sociale qui est proposé ici ; une action locale dans un dispositif global.
L'accès à l'eau pour tous
Access to water for all
Access to water is a universal right that has still to be made a reality; in other words, we must win the war on water for everyone by creating the conditions in which both the public and the private sectors can operate responsibly. Technical solutions exist (concessions, supply management, action to counter leakage), but it is the transfer of competence, of know-how and of social engineering that is argued in this article: local action in a global context.
L’eau sera-t-elle l’enjeu des conflits du XXIe siècle ? La question taraude et divise nombre d’experts. Car l’absence d’eau ou sa mauvaise qualité tue dix fois plus que toutes les guerres réunies. Plus de 1,1 milliard de personnes dans le monde n’ont toujours pas accès à l’eau potable, et 2,6 milliards sont sans raccordement à l’assainissement. Si la quantité d’eau sur la planète est constante, son accès devient de plus en plus difficile et son volume disponible par habitant a diminué passant de 15 000 m3 à 5 000 m3 en cinquante ans. Des chiffres pour le moins inquiétants qui pointent la nécessité de prendre en compte le problème de manière urgente et efficace.
Si le seuil de pénurie est estimé à 1 000 m3 d’eau/habitant/an, nombreux sont les États qui se situent aujourd’hui en dessous. Le Koweït, le Qatar et Bahreïn disposent de 90 à 120 m3/hab./an ; l’Arabie saoudite de 160 m3 ; Israël de 400 m3 et la Jordanie de 260 m3. Depuis plus de dix ans, le problème de l’eau occupe une place des plus importantes au Proche-Orient. En 1992 déjà, l’ancien secrétaire général de l’ONU, Boutros Boutros-Ghali, déclarait : « Le prochain conflit dans la région du Proche-Orient portera sur la question de l’eau (…). L’eau deviendra une ressource plus précieuse que le pétrole ». Pourtant en septembre 2000, 189 pays membres de l’Organisation des Nations unies ont adopté la Déclaration du millénaire qui fixe huit objectifs essentiels à atteindre d’ici 2015. Les États se sont notamment engagés à réduire de moitié le pourcentage de la population mondiale n’ayant pas accès à l’eau et aux services d’assainissement. Ces objectifs ambitieux requièrent la mobilisation de tous les acteurs : entreprises, associations et institutions doivent relever ce défi.
Le débat sur l’accès à l’eau s’est souvent perdu dans des discussions stériles sur la responsabilité réciproque de ces acteurs. Le Forum de Mexico de mars 2006 a permis de redéfinir le rôle de chacun et en particulier la nécessité de créer des conditions satisfaisantes à l’exercice des responsabilités des acteurs privés et publics. C’est à cette condition que nous gagnerons ensemble le droit fondamental de tous les peuples à avoir accès à l’eau. Transformer ce droit universel en réalité est un des défis majeurs de ce siècle. Car si nous gagnons la bataille de l’eau pour tous, la guerre de l’eau n’aura pas lieu.
Il reste 90 % de l'article à lire
Plan de l'article