La Nation et ses territoires en Europe centrale : une approche géopolitique
La Nation et ses territoires en Europe centrale : une approche géopolitique
La question des minorités et des frontières en Europe et en particulier dans les États d’Europe centrale et orientale et dans les Balkans occidentaux pose avec une acuité renouvelée l’organisation territoriale, au regard de l’espace traditionnel de l’État-nation. L’analyse géopolitique offre ici un nouveau regard particulièrement pertinent quant à cette problématique. En effet, l’émergence de l’État-nation dans cette région a créé un problème essentiellement géopolitique, dans le cadre de l’organisation du territoire des États multiethniques. La question nationale se trouve étroitement liée aux problèmes des minorités et des frontières. L’auteur étudie ainsi l’influence des facteurs historiques, géographiques, démographiques, géopolitiques et stratégiques, sur l’évolution des questions nationales en Europe centrale.
L’auteur, Gyula Csurgai, directeur du Centre international d’études géopolitiques (CIEG) de Genève, de nationalité hongroise et canadienne, décline ainsi ce thème à travers l’exemple de la Hongrie et de ses minorités à l’extérieur du pays. Cette réalité géopolitique a, en effet, des résonances en Serbie-Monténégro, en Roumanie, en Slovaquie.
En prenant cet exemple, emblématique des questions posées à l’intégration européenne, on perçoit toute la subtilité des prochaines phases d’adhésion, marquée par l’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie depuis le 1er janvier dernier et par là même de la problématique des minorités. Le cas des 2,8 millions de Roms est un sujet de préoccupation pour l’UE qui a d’ailleurs consacré plusieurs déclarations et rapport en faveur de l’égalité d’accès à l’enseignement, au logement et aux services publics.
L’auteur prend le parti d’analyser le cas de la Voïvodine, région du Nord-Est de la Serbie où résident près de 300 000 Hongrois, afin de mettre en perspective le fait national au regard des revendications ethniques et linguistiques tout en s’interrogeant sur la pertinence du droit à l’autodétermination, notamment dans son acception la plus aboutie, la sécession.
Au-delà de la question complexe des Roms, celle des Hongrois risque ainsi, de l’aveu même de l’auteur, de compliquer quelque peu la vitesse d’adhésion de la Serbie. Aussi faut-il s’interroger afin de savoir si la solution aux problématiques issues de la représentation des minorités se trouve réellement à Bruxelles ou se joue encore à Budapest ou Belgrade ?
L’auteur souligne les aspects positifs du régime d’autonomie du Tyrol du Sud, qui favorise la coexistence pacifique des différentes communautés ethnoculturelles. Fort de cet exemple d’intégration et d’autonomie réussies, il argumente en faveur d’une redéfinition des relations entre État, nation et minorités en Europe centrale.
Cette analyse puise dans la perception que nous avons de la Mitteleuropa dont dépend la sécurité globale de l’Europe. L’ouvrage nous invite ainsi à réfléchir sur l’évolution des relations entre l’État-nation et ses minorités en Europe centrale et orientale en tenant compte de ses spécificités au regard du modèle occidental. ♦