Les membres de l’UE sont devenus de plus en plus dépendants des hydrocarbures russes. En outre, leurs entreprises voient les accords signés durant les années Eltsine remis en question… ; et s’élever le prix à payer pour les opportunités qui les font rêver. À l’inverse, la Russie tire maintenant d’importants bénéfices financiers et stratégiques de ses hydrocarbures. Au nom de la défense de ses intérêts, elle veut à la fois imposer son contrôle sur l’exploitation et son monopole sur le transit, et profiter de l’ouverture des marchés européens pour s’y implanter. Il découle de ces positionnements des stratégies qui semblent a priori difficilement conciliables.
Russie-UE : quelles stratégies énergétiques ?
Russia-EU: in search of an energy strategy
EU member states have become increasingly dependent on Russian oil. Moreover, their industries are seeing the agreements signed during the Yeltsin years being called into question . . . and the price they have to pay for the opportunities they once dreamed of is increasing as well. On the other hand Russia is now deriving significant financial and strategic advantage from its oil. Claiming protection of its own interests, it wants to impose its control over extraction and its monopoly of transport while also profiting from the opening up of European markets to establish itself there. The resulting strategies seem a priori incompatible.
« Nous allons nous payer sur la bête », confiait un banquier français en décembre 1991 alors que l’URSS venait de déclarer la suspension de paiement de sa dette extérieure. Cette affirmation arrogante exprimait un espoir partagé par beaucoup d’Européens : négocier en position de force un libre accès aux ressources naturelles russes, à commencer par les hydrocarbures. Quels sont aujourd’hui les résultats des stratégies énergétiques mises en œuvre de part et d’autre du continent eurasiatique ? Il importe, d’abord, d’étudier la situation énergétique de l’Europe communautaire, en particulier sa dépendance de la Russie, puis la stratégie de l’Union européenne (UE). Nous présenterons, enfin, la stratégie énergétique de la Russie.
Une dépendance énergétique croissante
Situons d’abord le contexte des échanges commerciaux entre les deux parties (1). La Russie est devenue le troisième partenaire commercial de l’UE, après les États-Unis et la Chine. De 1999 à 2005, le déficit commercial de l’UE avec la Russie a été multiplié par 2,85. L’énergie représente les deux tiers des importations communautaires de ce pays (2). Durant ces années, la valeur en euros courants du déficit énergétique de l’UE par rapport à la Russie a été multipliée par quatre.
Ainsi, la nette dégradation de la balance commerciale communautaire avec la Russie résulte pour l’essentiel de sa dépendance énergétique croissante, particulièrement en matière d’hydrocarbures. La Russie est le premier pays fournisseur de l’UE pour le pétrole (19,8 %) comme pour le gaz (41 %).
Il reste 92 % de l'article à lire
Plan de l'article