La politique américaine au Moyen-Orient
La politique américaine au Moyen-Orient
Cet ouvrage qui paraît dans le contexte des élections américaines de mi-mandat de novembre 2006, immédiatement suivies par la publication du rapport détonnant Baker-Hamilton sur la situation en Irak et au Moyen-Orient, sonne particulièrement juste.
Cette mise en perspective puisant tant dans l’histoire des relations internationales des États-Unis avec le Moyen-Orient au cours du siècle dernier, que dans l’actualité immédiate, offre un éclairage des plus pertinents pour comprendre en quoi le projet du « Grand Moyen-Orient », lancé en 2003, semble répondre à une certaine logique en soi, certes, au regard de l’unilatéralisme américain, mais qui, à y regarder de plus près, paraît fluctuante et dictée par une approche à court terme.
Il ne fait pas de doute que la stratégie moyen-orientale des États-Unis semble avant tout guidée, en effet, par la recherche de stabilité et de sécurité à leur seul profit, face à des menaces de plus en plus diffuses, qu’ils n’arrivent plus à juguler. Or, force est de constater, en filigrane, un certain déclin du modèle américain dans la région, voire au-delà, qu’accompagne une « politique du bâton sans la carotte », comme le décrit très justement l’auteur.
Double phénomène qui rend illégitime, aux yeux des États arabes concernés, ce projet, lequel demeure malgré tout le résultat d’un continuum dans la politique étrangère de Washington. En effet, si l’on analyse avec précision les postures successives et imbriquées mêlant réalisme et idéalisme en matière de politique étrangère (doctrine « expansionniste » tout en étant ouvertement « isolationniste » de Monroe, les 14 points développés par le président Wilson au lendemain de la première guerre mondiale que l’on qualifie le plus souvent de « pacifiste », tout en pouvant nier une nette tendance aussi vers « l’interventionnisme » prôné par Truman) n’en confirment pas moins une nette convergence vers « l’omnipuissance » américaine.
Cet « appel » pressant au repli communautaire et à une parcellisation territoriale qui serait plus favorable aux intérêts américains, apparaît des plus belligènes, comme l’Irak et l’Afghanistan le prouvent au quotidien et l’aggravation de la situation au Liban le confirme.
À la lumière des propos développés par l’auteur, on ressent d’ailleurs que cet enjeu géopolitique global recoupe de vieilles tentatives visant à restructurer le Levant et le Proche-Orient au seul profit des entreprises américaines, notamment celles alléchées par l’odeur du pétrole.
L’aggravation de la situation « militaire » et l’impasse institutionnelle dans les territoires palestiniens, tout comme la relance du dialogue américano-irano-syrien, comme le préconise le Groupe d’étude sur l’Irak, offre une déclinaison pratique de cet ouvrage que bien des diplomates devraient avoir à l’esprit quand il s’agit de prouver sur le terrain et concrètement en quoi les voix de la France et de l’Europe mélangées devraient décidément nettement plus s’accorder, tant l’attente est grande de la part des populations de la région. ♦