« Entre Balkans et Orient : l'approche roumaine de la Pesc » in Occasional Paper n° 65
« Entre Balkans et Orient : l'approche roumaine de la Pesc » in Occasional Paper n° 65
Il aura fallu attendre le 1er janvier 2007, soit quinze ans après la soumission de sa candidature à l’adhésion de l’Union européenne (UE) pour que la Roumanie rejoigne le cercle des 25. Pays au carrefour d’influences culturelles et religieuses diverses, la Roumanie représente aujourd’hui un enjeu stratégique majeur pour la sécurité des Balkans occidentaux, la partie européenne de la Communauté des États indépendants (CEI) et les Nouveaux États indépendants (NEI).
Partagés entre une vision pro-atlantiste et une volonté d’intégrer l’Union, les dirigeants roumains n’ont pas hésité à prôner leur « attachement à un axe de sécurité Bucarest-Londres-Washington » lors de l’intervention américaine en Irak. La Roumanie entendait ainsi et entend toujours maintenir une position stratégique au sein de l’Otan et de l’UE, en s’engageant à la fois dans la Politique européenne de voisinage (PEV) par une intensification des relations roumano-hongroise et des initiatives tripartites et multinationales, et dans une relation privilégiée avec les États-Unis ; notamment avec la signature d’un accord bilatéral pour l’ouverture de bases américaines sur son territoire.
Pour l’UE, l’adhésion de la Roumanie revêt un enjeu capital pour la stabilisation de la sécurité des Balkans occidentaux et de la région de la mer Noire. En effet, la Moldavie et l’Ukraine au nord-est ou la Serbie et le Monténégro au sud-ouest, sont encore marqués par le crime organisé. Les crises économiques, politiques et ethniques y sont latentes et le manque de réforme de l’appareil judiciaire et policier, les nationalismes, et les tensions entre minorités sont autant de raisons de considérer la Roumanie comme le verrou des frontières orientales de l’Union. D’autre part, avec les récentes pressions exercées par Gazprom sur certains pays d’Europe de l’Est, l’UE réalise que sécuriser le transport des ressources en provenance de Russie devient vital. À ce titre, la Roumanie est donc amenée à devenir un « pont vers l’Europe orientale » à la fois promoteur de l’intégration européenne auprès de ses voisins, pilier de l’approche intégrée de la région de la mer Noire pour l’UE et l’Otan et garant de l’accès aux ressources énergétiques de la mer Caspienne et de leur acheminement vers l’est.
Enfin, dernier point pour lequel la Roumanie œuvre activement : la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD). De par sa position stratégique en Europe, elle a très tôt compris qu’une participation active au développement d’une politique européenne en matière de défense était essentielle, non seulement pour la région mais aussi pour d’autres continents. Elle contribue ainsi aux missions de l’Union en matière de gestion de crises principalement dans les Balkans, mais aussi en Afrique et soutient l’idée d’actions menées en partenariat avec l’ONU et l’Otan. Même si jusqu’à présent elle n’a pas pu participer aux projets de l’AED, elle souhaite s’y impliquer et participer au développement de la PESD. ♦