Chroniques du Japon
Chroniques du Japon
Ce petit ouvrage est axé sur les relations de l’Empire du Soleil levant avec les États-Unis et sur sa politique de défense, les deux domaines étant à l’évidence étroitement liés. Il se présente sous la forme d’un recueil de textes courts datés de 2004 et 2005 et s’appuyant sur une chronologie qui débute avec le siècle en cours. Il se place donc en pleine ère Koizumi, ce dirigeant que son abondante chevelure a rendu identifiable jusque dans nos plus modestes chaumières et qui a dominé la scène politique nippone par sa forte personnalité, son caractère affirmé et son indéniable popularité.
L’articulation en trois parties ne semble pas correspondre à un cheminement évident dans une suite de réflexions et de commentaires écrits dans un style pas toujours limpide. Il reste que l’auteur possède bien son sujet et, s’il n’amène pas de révélations fracassantes, fait bien le tour de l’engagement progressif dans le paysage mondial d’un Japon qui n’entend plus se contenter d’être un géant économique (à quand un siège permanent au Conseil de sécurité ?), mais vise l’acquisition d’un niveau de capacité de défense et d’outil militaire à sa mesure.
On suivra donc au long de la lecture l’évolution des sujets de débat et parfois de discorde : le redéploiement des forces états-uniennes, y compris l’encombrant stationnement à Okinawa ; le bouclier antimissiles ; l’exportation de matériel militaire ; les litiges à propos d’archipels où se mêlent exclusivité économique, ressources halieutiques et orgueil national ; la crise de confiance dans les rapports avec Séoul… L’ensemble de ces problèmes est dominé par l’ambition de redevenir un « pays normal » et par conséquent, tout en restant fermement attaché au maintien du parapluie protecteur américain, de cesser d’être bridé par le « cadre restrictif » du fameux article 9 d’une Constitution imposée à l’heure de la défaite. Encore faut-il naviguer entre les arguties juridiques, les tentatives de contournement et la notion floue d’une « légitime défense » aux limites géographiques peu précises. En arrière-plan se posent deux questions essentielles : celle de l’accès au nucléaire militaire et surtout celle du face-à-face avec la Chine « dans une trajectoire de confrontation à terme ».
Faut-il s’attarder sur une commémoration intempestive du « centième anniversaire de la mort de Raymond Aron » ? On peut être calé sur les affaires japonaises et avoir quelques hésitations quant aux événements hexagonaux. ♦