La mission ISAF est devenue une grande priorité de l’Otan, mais son accomplissement ne sera pas du tout facile. Les facteurs historiques et géopolitiques pèsent lourdement sur la situation de l’Afghanistan : on parle d’« irakisation ». Grave menace pour les soldats de l’Otan immergés dans un environnement hostile, qui sont les victimes potentielles d’embuscades, de raids ou d’attentats-suicides. Les mois à venir nous montreront si l’Otan réussit à reconstruire l’Afghanistan et éliminer Al-Qaïda.
L'Otan peut-elle réussir en Afghanistan ?
Can NATO succeed in Afghanistan?
The ISAF’s mission has become a main priority for NATO, but success will not come easy. Historical and geopolitical factors weigh heavily in the situation in Afghanistan, and the talk is of its ‘Iraqisation’. There is a serious threat to the NATO soldiers immersed in a hostile environment who are a prey to ambushes, raids and suicide attacks. The coming months will show whether NATO can manage to rebuild Afghanistan and eliminate al-Qaeda.
Le sommet de l’Otan qui s’est réuni à Riga en novembre dernier a approuvé une Directive politique globale d’après laquelle « contribuer à la paix et à la stabilité en Afghanistan est la priorité essentielle de l’Alliance ». Et la Déclaration finale a souligné la détermination de « fonder une société stable, démocratique et prospère, libérée du terrorisme, des stupéfiants et de la peur » (1). Grande ambition dont la mise en œuvre ne sera pas facile à cause de la complexité des facteurs historiques, géopolitiques et, notamment, militaires.
Facteurs historiques
L’histoire de l’Afghanistan indique qu’au cours des deux derniers siècles, ce pays très particulier s’est chaque fois opposé, avec détermination et acharnement, à n’importe quelle intervention militaire. Ce fut le cas des trois guerres anglo-afghanes, 1838-1842, 1878-1880 et, notamment en 1919 quand les Anglais voulurent créer un Empire au Moyen-Orient, une chaîne d’États vassaux s’étendant sur un territoire très étendu entre le Nil et l’Hindou Kouch ; un projet qui avait presque les mêmes contours que le Greater Middle East de George W. Bush au début du XXIe siècle. Plus récemment, les tribus afghanes n’ont pas hésité à s´opposer à l’Armée rouge envoyée sur une décision fatale et regrettable d’une équipe d’octogénaires à la fin des années 70. La résistance contre l’occupation soviétique a eu une conséquence importante : elle a marqué le début d’une tendance à la fragmentation politique qui continue à peser lourdement sur l’Afghanistan contemporain. Du fait que les milices locales ont constitué, pendant presque deux décennies, la colonne vertébrale de la résistance, les chefs et les commandants locaux ont renforcé leur pouvoir au détriment de Kaboul.
Le premier champ de bataille de la Guerre globale contre le terrorisme (Gwot)
En 2001, l’Afghanistan a été choisi pour le déclenchement de la guerre globale contre le terrorisme (Global War on terror, Gwot) de l’Administration de G. W. Bush. Les combats de l’opération Liberté immuable ont connu deux phases très différentes. La première étape se solda par un succès extraordinaire des bombardements des forces aériennes de l’Otan ainsi que par la réussite surprenante de l’offensive de l’Alliance du Nord. Par contre, la seconde étape révéla l’existence de deux réalités distinctes : l’étendue du pouvoir du gouvernement installé après cette opération se limitant à la capitale, tandis que le reste du pays était de nouveau contrôlé par les chefs omnipuissants des tribus afghanes (aujourd’hui appelés seigneurs de guerre), qui possèdent chacun sa propre armée composée de combattants absolument dévoués à leurs commandants.
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