Des guerres révolutionnaires au terrorisme
Des guerres révolutionnaires au terrorisme
À vrai dire, le titre (qui pourrait aussi bien être inversé : « du terrorisme aux guerres révolutionnaires ») est un peu trompeur car, au lieu de présenter une vue d’ensemble sur un sujet ô combien d’actualité, le livre laisse au lecteur le soin de la synthèse. Il décrit en 24 courts chapitres une série d’épisodes, en général relativement récents, même si leurs racines sont parfois anciennes. Deux d’entre eux seulement évoquent Saint-Just et Blanqui, sans oublier néanmoins l’inusable Sun Tse, illustre chinois dont la caution est devenue indispensable depuis quelque temps, au point de détrôner Clausewitz.
Chacun donc de ces épisodes est exposé de façon précise et documentée, allant parfois jusqu’à l’anecdote. On sera surpris çà et là par quelques passages elliptiques ou approximatifs, à propos (sans verser dans la critique systématique) de la « nuit de cristal », de l’abdication de Nicolas II ou du parcours accéléré de la guerre d’Indochine.
Ne boudons toutefois pas l’intérêt historique de ces récits qui justement, par l’éventail des choix offerts, permettent de discerner à la fois les particularités non transposables de chaque situation (puisque l’« analyse des facteurs » est évidemment différente des Tupamaros à l’OAS et des Grecs de l’EOKA aux brigades rouges), mais aussi beaucoup de constantes que, nous l’avons dit, le lecteur est invité à découvrir et à rassembler. Violence et haine dominent, admises et même proclamées dans un élan quelque peu romantique où chacun identifie ses « guerres justes ». S’y ajoutent une révolte contre la notion d’État (encore que, en cas de réussite…), le cloisonnement des structures pyramidales, l’appui sur des relais logistiques non directement actifs… Les leaders viennent de « minorités agissantes », le plus souvent d’origine intellectuelle et bourgeoise, à l’image de ce « richissime » Oswaldo, ceci expliquant d’ailleurs cela en application d’une sorte de repentance sociale. L’efficacité est indéniable face à la vulnérabilité interne des démocraties, mais il peut exister aussi, au niveau de l’organisation et du maintien du secret, des faiblesses susceptibles de devenir accablantes chaque fois que la répression est sans faille, qu’apparaissent des groupes dissidents, ou que fait défaut un réel soutien populaire.
Malgré l’exemple de Mao et celui d’un précieux développement sur « la guerre subversive en montagne », la guérilla urbaine est le cas de figure le plus souvent rencontré. C’est là en effet que sont obtenus l’effet moral le plus direct et la meilleure couverture médiatique.
La conclusion, plutôt inquiétante, porte à peu près uniquement sur le danger provenant du fondamentalisme musulman, preuve finale que l’ouvrage s’appuie sur des cas concrets sans prétention pour autant à la généralisation. ♦