L’Afrique vit désormais à l’heure chinoise, puisque depuis une dizaine d’années, la République populaire de Chine (RPC) multiplie les investissements sur le continent noir où elle occupe désormais une place de premier plan. Cette influence de Pékin, qui fragilise les intérêts économiques et le rôle politique de la France, est souvent perçue à Paris avec résignation. Pourtant le président Jacques Chirac lors du dernier sommet Afrique-France en février 2007, qualifiait de positif l’engagement de la Chine en Afrique. Alors la Chine doit-elle vraiment être considérée comme une menace pour nos intérêts ?
La France devant la présence chinoise en Afrique
France and the Chinese presence in Africa
Africa has gone Chinese. For the past ten years the People’s Republic of China has been building up its investments in Africa, where it is now a major player. Beijing’s policies have a negative effect on both France’s economic influence and its political role, which Paris has often had to accept with resignation. Nevertheless, at the last France-Africa summit, in February 2007, President Jacques Chirac described China’s engagement with Africa as positive. So should China really be considered a threat to our interests?
La République populaire de Chine (RPC) multiplie les investissements en Afrique depuis une dizaine d’années. Cette présence commerciale et économique de la Chine en Afrique est l’objet de nombreuses études et commentaires. La stratégie de Pékin sur le continent noir est souvent présentée comme poursuivant trois objectifs : diversifier ses fournisseurs en hydrocarbures, élargir ses débouchés commerciaux et renforcer son influence politique (1). Cette présence de Pékin, qui fragilise les intérêts économiques et le rôle politique de la France, est souvent perçue à Paris avec résignation. Est-elle une réelle menace pour les intérêts français ?
La présence de la Chine sur le continent noir a deux conséquences importantes pour nos intérêts. Sur le plan économique, la marginalisation de la France en Afrique se confirme. Déjà depuis le début des années 90, la part de l’Afrique dans les investissements français à l’étranger est en nette diminution (2), passant de 2,15 % en 1996 à 1,5 % en 2006 (à cause notamment de l’instabilité politique sur le continent noir comme de la réorientation des flux de capitaux en faveur de l’Asie et de l’Europe de l’Est).
La concurrence des sociétés chinoises accélère ce retrait. En moins de dix ans, la présence de la Chine en Afrique n’a cessé de se conforter. Les chiffres sont éloquents. Aujourd’hui, la Chine est devenue le premier fournisseur de l’Afrique subsaharienne avec plus de 10 % de parts de marché. La France demeure toutefois le premier fournisseur des pays de la zone franc. La RPC est le premier client de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, comme le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, où elle achète le coton nécessaire à sa dynamique industrie textile. Après les États-Unis, la Chine est maintenant le deuxième partenaire commercial de l’Afrique depuis 2005, devant la France, l’Italie et le Royaume-Uni. En 2006, le commerce sino-africain s’est établi à 55,5 Md$ contre 10 Md$ en 2000. Les échanges entre la France et l’Afrique s’établissaient quant à eux en 2006, à 41 Md$ (60 % du commerce est effectué avec l’Algérie, la Tunisie et le Maroc) contre 31 Md$ six ans plus tôt.
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