Enjeu énergétique pour les États-Unis, défi politique pour l’Europe, le Nigeria connaît une instabilité croissante, et est au bord de la guerre civile ; l’écosystème et la population du delta en sont les principales victimes. L’État nigérian, corrompu, est impuissant à contrer la violence qui s’installe, et à redistribuer les profits du pétrole. Il est temps que les pays consommateurs, les États-Unis en premiers, s’attachent à stabiliser la région ; l’Europe devant contribuer au développement durable de ce pays.
La situation dans le delta du Niger
The situation in the Niger Delta
An energy issue for the United States and a political challenge for Europe, Nigeria is experiencing growing instability and is on the verge of civil war; the ecosystem and the population of the Niger Delta are the main victims. The State, corrupt, is powerless to contain the rising violence and redistribute the proceeds of oil sales. It is high time for oil-consuming countries, starting with the United States, to concern themselves with stabilising the region. Europe must contribute to the lasting development of this country.
Premier producteur africain de pétrole et douzième mondial, le Nigeria est le cinquième fournisseur de brut des États-Unis. La totalité de cette production provient du delta du Niger, la majorité exploitée à terre dans les États de Bayelsa, Rivers et delta, une part croissante provenant d’un offshore de plus en plus profond. La quasi-totalité des devises du Nigeria, 40 % de sa richesse nationale et 80 % des ressources de l’État fédéral, provient de la rente (1) pétrolière.
Depuis le début de cette exploitation, en 1958, l’agitation s’est progressivement développée dans le delta. L’indépendance en 1960 a marqué le début de difficultés sérieuses, néanmoins masquées par la guerre civile (1967-1970). L’exécution du leader pacifiste Ken Saron Wiwa par le régime Abacha en 1995 déclencha la lutte proprement armée. On avait espéré une accalmie après l’accession démocratique du président Obasanjo en 1999. Pourtant, depuis 2004, la crise a pris un tour aigu et durant l’année 2006, des militants ont kidnappé plus de cent cinquante personnes, fait sauter cinq voitures piégées, tué une centaine de personnes des forces de sécurité, enfin paralysé au moins le quart de la production de pétrole du pays. Cette insécurité terrestre, en cours d’extension en mer, est le fait d’une situation que l’on peut qualifier de pré crise. Le glissement vers la guerre civile n’est pas inéluctable, mais il est désormais envisageable, peut-être en cours.
On s’interroge sur l’impact que pourraient avoir les résultats des élections mouvementées et contestées d’avril 2007, notamment l’arrivée à la vice-présidence fédérale d’un Ijaw (2) du delta, le gouverneur de l’État de Bayelsa, Goodluck Jonathan.
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