Revue des revues
• Europaïsche Sicherheit, n° 4/2007 : « Dix ans d’interdiction des armes chimiques ».
Le Dr O. Thräner (1) fait un point détaillé sur dix ans d’interdiction des armes chimiques et les difficultés soulevées par la mise en application du Traité. « Une décennie après son entrée en vigueur, diverses incertitudes demeurent, après comme avant » : en dépit du nombre des ratifications, trop d’États n’ont toujours pas rendu compte des mesures juridiques administratives qu’ils ont prises pour appliquer ce Traité.
D’importants États, détenteurs probables d’armes chimiques, restent à l’extérieur de l’accord.
Les annonces de destruction d’armes chimiques ont certes progressé, mais les possesseurs des arsenaux les plus importants (Russie et États-Unis) n’ont probablement pas pu détruire tous leurs stocks dans les délais impartis par le Traité.
L’Organisation de l’interdiction des armes chimiques pratique de nombreuses inspections, mais aucune de vérification « sur soupçon » n’ayant été demandée, l’incertitude sur la fidélité au Traité de certains États-membres subsiste.
• Europaïsche Sicherheit, n° 5/2007 : « Une nouvelle alliance ? ».
« Une nouvelle alliance ? » interroge R. Clement à la suite de la visite (largement ignorée de l’opinion allemande) de Chavez à Castro en automne 2006. L’ère du Lider Maximo va finir et Cuba revenir peut-être à un cours plus conciliant avec les États-Unis. Se présentant en porte-parole autoproclamé des présidents de gauche récemment élus en Amérique du Sud, le Vénézuélien leur propose de s’allier pour refuser l’hégémonie nord-américaine et de nationaliser leurs productions d’hydrocarbures, acquérant ainsi ensemble un poids global très supérieur à la somme de deux de ses membres. Des suites concrètes à cette visite sont mal connues, mais mieux vaut tenter de cerner l’importance (et les limites) de cette alliance encore en pointillé.
Adversaires des États-Unis, l’Iran et la Corée du Nord pourraient être intéressés. La Russie serait-elle prête à servir de mentor à cette alliance ?
L’apparition d’un tel groupe disposant de fortes réserves en gaz et en pétrole et hostile à Washington ne peut la laisser indifférente.
Toutefois, l’Iran est très isolé du fait de la crise nucléaire. Ahmadinejad cherche un réconfort auprès des Sud-Américains (il a assisté à certaines intronisations de leurs nouveaux dirigeants). Intraitable avec les États-Unis avec qui il refuse de parler (sauf sur l’Irak toutefois, NdT), il se vante de pouvoir poursuivre, sans aucune aide étrangère, l’enrichissement de son uranium (2). Il cherche à séparer les Européens des Américains, d’où le « cadeau Pascal » fait à Blair : la restitution de ses marins enlevés dans le Golfe par ses Pasdarans, après une négociation bilatérale sans concessions, pour montrer qu’on peut utilement négocier avec lui, pour d’autres questions aussi.
Pyong-Yang n’a que des marges de manœuvre limitées : exsangue, lâchée par Pékin et Moscou, elle a dû promettre de stopper son programme nucléaire.
Si cette nouvelle alliance voit le jour, ce ne sera probablement pas un nouveau bloc structuré, à l’instar de l’Otan, mais plutôt un groupe analogue à celui des « non-alignés » du temps de la guerre froide. Il pourrait avoir une dangerosité certaine s’il parvenait à se coordonner avec certains pays de l’Opep.
En pareil cas, il est indispensable que les Occidentaux, d’accord sur beaucoup de points, fassent preuve de cohésion et se gardent d’étaler leurs divergences sur la place publique. Ils doivent discuter franchement et dès que possible les points litigieux, mais entre eux et dans les institutions compétentes, en vue de parvenir à un compromis soutenable par tous.
Dans le cas des marins enlevés, Blair a suivi la bonne méthode : s’assurer d’abord du soutien des Occidentaux et de l’opinion mondiale avant d’envoyer des émissaires techniques qui ont traité l’affaire au fond sans rien concéder. Il est vrai qu’il s’agissait d’une question humanitaire et qu’ils ont peut-être aussi bénéficié de divisions aux plus hauts échelons iraniens à tolérer sur leurs marges l’apparition d’armes de destruction massive, iraniennes ou coréennes, incontrôlables.
À Munich, V. Poutine a laissé fuser sa bile, mais il sait qu’il a besoin aussi des États-Unis et il est probable que les affaires reprendront un cours plus tranquille.
« Une direction politique de cette alliance par la Russie pourrait même être de l’intérêt des nations industrialisées, au moins en matière nucléaire ». ♦
(1) Directeur du groupe de recherches « Politique de sécurité » à la Fondation « Science et politique » de Berlin.
(2) Les Russes ont été fortement irrités de la fronde de ce « vassal ». Ils ne sont pas prêts.