Le pétrole tue l'Afrique
Le pétrole tue l'Afrique
Auteur de nombreux ouvrages de géostratégie, le général (CR) Henri Paris vient d’en écrire un qui s’inscrit parfaitement dans l’actualité. L’énergie, de toujours a été la clé, si ce n’est la première, du moins l’essentielle, des rapports de force dans l’arène internationale. Sans énergie, pas de quoi forger un armement ! Sans armement, c’est l’impuissance. Sans énergie, une force armée est condamnée à l’immobilité : c’est encore l’impuissance.
Au XXIe siècle commençant, l’énergie, pour une part importante, se résume au pétrole. L’énergie nucléaire est, certes concurrente, mais le pétrole est encore à vue humaine la seule à assurer directement ou indirectement les transports. Les énergies de remplacement en sont encore au balbutiement.
Le pétrole a une fin de production inscrite dans une ressource épuisée. On peut discuter des délais de cet épuisement. Cela ouvre une polémique dans laquelle les arguments les plus hypocrites et les plus fallacieux sont employés. Il n’en demeure pas moins que le terme de la ressource énergétique est défini largement avant la fin du XXIe siècle et que les énergies de remplacement seront loin d’être au point dans un délai semblable.
Le monde manque déjà d’énergie et la demande s’accroît. L’offre correspond exactement à la demande. Tout accident ou incident conduisant à une diminution de l’offre aboutit à des tensions violentes. Cela conduit les puissances grandes ou moyennes à chercher la diversité des approvisionnements et elles sont prêtes à en découdre pour obtenir cette diversité, c’est-à-dire la garantie de la ressource.
L’Afrique subsaharienne, notamment le Darfour et le golfe de Guinée, offre encore un terrain relativement libre, en proie à toutes les tentatives d’appropriation. Les puissances s’y précipitent. Les Africains subsahariens, incapables de gérer leurs ressources, n’ont plus qu’à accepter d’être les sujets ballottés d’une Histoire qui les dépasse tandis que leurs territoires se transforment en champs de bataille permanents.
Bien plus, les Africains deviennent des stipendiés des grandes puissances et un petit nombre s’en font les auxiliaires pour opprimer une majorité des leurs. La manne pétrolière, au lieu d’être une bénédiction pour l’Afrique en est la ruine. Les grandes puissances industrielles et développées sont en lutte pour le pétrole ; le Proche et le Moyen-Orient, comme l’Asie centrale en sont le champ de bataille. L’Afrique subsaharienne est appelée à le devenir pour les mêmes motifs.
L’affrontement sino-américain, à peine occulté par une alliance de circonstance contre le terrorisme islamique, trouve en Afrique subsaharienne un espace de prédilection au nom de la diversité des approvisionnements énergétiques.
Jusqu’où ira-t-il ? Jusqu’à une forme armée, à terme, pour peu que la Chine arrive à se doter d’une force militaire susceptible de concurrencer celle des États-Unis ? On sait que la Chine possède un arsenal nucléaire stratégique et tactique, et accroît considérablement l’ensemble de ses capacités militaires.
Les États-Unis, dont la pénétration économique, politique et militaire en Afrique subsaharienne est de plus en plus précise, se heurtent aux anciennes puissances européennes durablement implantées en Afrique subsaharienne. C’est ainsi que des oppositions durables avec la France sont prévisibles et ont déjà débuté en 2007.
C’est tout cet environnement géopolitique qui fait écrire dans son ouvrage au général Henri Paris que « le pétrole tue l’Afrique ». ♦