Éditorial de Jean-Dominique Giuliani disponible sur le site (www.jd-giuliani.eu) où le président de la Fondation Robert Schuman se félicite de l’action de la France au Tchad conduite au nom de l’Europe et fustige les contempteurs.
Leçons du Tchad pour l'Europe
The lessons of Chad for Europe
In this editorial by the Chairman of the Robert Schuman Foundation the author stresses the merit of France’s actions in Chad carried out on behalf of Europe, and castigates those who have denigrated it.
La présidence slovène de l’Union européenne vient « d’exprimer sa reconnaissance à la France pour tous ses efforts et l’évacuation efficace des citoyens européens du Tchad ». Pour la première fois, un État membre de l’Union, la France, mettait en œuvre avec succès le dispositif arrêté par le Conseil de l’Union européenne le 18 juin 2007, en jouant le rôle d’État pilote dans sa capacité à protéger les ressortissants européens.
1 389 personnes de 73 nationalités, dont 641 Européens, mais aussi 251 Africains, des Chinois, des Américains, ont ainsi été protégées et mises en sécurité. Or, certains, dont le chancelier autrichien Gusenbauer et le commissaire européen Louis Michel ont cru devoir exprimer des réserves à l’action de la France au Tchad. Plutôt que de réagir immédiatement et ouvertement par la force à un acte international illégal, la France a justement réagi avec beaucoup de modération et d’efficacité, attendant des déclarations sans ambiguïté de l’Union africaine et du président du Conseil de sécurité de l’ONU (« Le Conseil demande aux États de la région de renforcer leur coopération en vue de mettre fin aux activités des groupes armés et à la tentative de leur part de saisir le pouvoir par la force. Le Conseil demande aux États membres, conformément à la Charte des Nations unies, d’apporter leur appui comme le demande le gouvernement tchadien »).
Ces doutes et ces légèretés européennes portent atteinte à la crédibilité de l’Union sur la scène internationale et constituent un réel mépris à l’égard de soldats courageux qui n’ont pas hésité à mettre leur vie en jeu, en situation de guerre, pour sauver des diplomates, des familles et des enfants, dans des conditions très difficiles.
Décidément, certains États européens ne sont pas prêts pour une Europe de la défense qu’il faudra bien réaliser quand même et au besoin sans eux, si l’Union veut compter dans le monde ou tout simplement protéger ses citoyens. Le parapluie bien commode de la neutralité et une certaine mollesse coupable s’accommodent mal d’une Europe riche et convoitée ! Un stage sur le terrain, certes protégé par les troupes des opérations spéciales (!), les convaincrait que hélas, pour préserver la paix, il faut s’équiper, s’armer, s’organiser, mais aussi se préparer à se battre et parfois à ouvrir le feu ! ♦