Les auteurs de cet article recommandent d’adapter notre doctrine de combat aéroterrestre aux conditions rencontrées en Afghanistan, voire en Irak. Ils militent pour que, s’inspirant des méthodes américaines, nous mettions en place des Joint terminal attack controller (JTAC) aptes à demander un appui aérien dans toutes les troupes engagées en Opex.
Adapter notre doctrine du combat aéroterrestre
Adapting our air-ground operations doctrine
The authors of this article recommend an adaptation of our air-ground operational doctrine to the conditions met in Afghanistan, indeed in Iraq. Inspired by US methods, they argue the need for Joint Terminal Attack Controllers, who call for and direct air support, in all units engaged on external operations.
En Afghanistan, tout comme en Normandie en 1944, la puissance aérienne joue un rôle crucial. La campagne qui s’y déroule actuellement est en effet interarmées jusqu’aux petits échelons tactiques dans la mesure où les avions et les hélicoptères interviennent très souvent au profit des forces terrestres au contact. La différence avec la Normandie de 1944 est qu’il n’existe plus de front, mais plutôt des zones de haute insécurité. La notion « d’espace lacunaire » trouve alors ici toute sa pertinence.
Le terrain où l’ennemi évolue est compartimenté, d’une part par le relief cloisonné de vallées et de montagnes et d’autre part par les « zones vertes », véritables oasis artificielles grâce aux canaux d’irrigation provenant des rivières, les habitations, entourées de hauts et longs murs de terre séchée qui délimitent la propriété, nous rappelant le bocage normand. Autant dire que l’appui mutuel est difficile, surtout à hauteur d’homme, même monté sur un engin. Les patrouilles qui contrôlent le terrain sont du niveau de la section, rarement plus importantes en raison du volume insuffisant de troupes de combat engagées en Afghanistan (1). Elles sont souvent hors de portée de l’artillerie déployée, logiquement dans des zones protégées.
Dans ces conditions, et compte tenu des élongations, seuls les avions et les hélicoptères armés sont capables d’intervenir assez vite, avec suffisamment de précision et d’effet pour faire basculer immédiatement le rapport de force, souvent défavorable au début de l’action. Ils permettent aux forces amies de reprendre l’initiative afin de passer à la contre-attaque ou de se dégager, à condition que l’unité prise sous le feu dispose d’un JTAC (2). En Afghanistan, ce besoin en avions est exprimé légitimement plusieurs fois par jour par les troupes au contact. En juin 2007, lors de la bataille pour la vallée de la Chora dans le Sud du pays, le recours à l’aviation de chasse et aux hélicoptères d’attaque a été le principal moyen de lutte contre les taliban, installés de façon coordonnée dans la vallée afin d’infliger des pertes aux soldats de l’Alliance et de montrer leur détermination jusqu’au-boutiste. Selon le ComIsaf lui-même, sans l’appui aérien les pertes amies auraient été certainement plus élevées. La composante air s’est donc focalisée sur l’appui des troupes au sol dans cette zone, avec près de 70 % de ses moyens engagés en moins de 72 heures.
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