Le Liban, son gouvernement, ses communautés sont divisés et tiraillés entre un gouvernement corrompu, mais appuyé sur des puissances étrangères, et une opposition qui veut participer au pouvoir. La situation ne peut être débloquée que par une entente constructive entre Libanais, à commencer par une entente entre les chrétiens eux-mêmes. Il y a danger de guerre civile, entre Chiites et Sunnites, dans laquelle les chrétiens seront éliminés en premier, à moins qu’ils ne donnent à leurs concitoyens musulmans l’exemple d’une unité agissante menant à un accord global sur les partages démocratiques consensuels du pouvoir.
Libre opinion - Appel à l'unité libanaise
« Un royaume divisé ne peut tenir » Matthieu
Un pays divisé, une communauté divisée, une région divisée, ne peuvent tenir. Le Liban est divisé, son gouvernement a été si divisé qu’il avance sur une jambe ; ses musulmans sont divisés entre Chiites et Sunnites, les Sunnites eux-mêmes sont divisés ; et la communauté chrétienne est divisée, avec 70 % pour l’opposition.
Les Libanais sont divisés et s’accusent les uns d’être sous les ordres d’Israël, des États-Unis, de l’Égypte, de la Jordanie et de l’Arabie saoudite ; les autres d’être sous les ordres de l’Iran et de la Syrie. Leurs chefs politiques n’ont jamais pensé aux intérêts du pays et de leur peuple. Ils ont toujours recherché leur seul intérêt, et le pays étranger qui pourrait les aider à garder le pouvoir. Aujourd’hui, garder le pouvoir pour le gouvernement et sa « majorité » est une question de vie et de mort, car ils ont gouverné le Liban avec tellement de corruption qu’un écrivain apologiste de leur fondateur l’a défendu en disant : « Il a été corrupteur, mais non corrompu ». Est-il possible d’être l’un sans être l’autre ?
Personnellement, j’ai pris parti pour les uns contre les autres (contre le gouvernement), les chefs religieux ont aussi pris parti, mais surtout contre l’opposition.
Nous avons tous mis nos espoirs dans les pays arabes, mais ils sont divisés comme dit plus haut. Tandis que les grandes puissances sont divisées entre les pays occidentaux et les pays de l’ancien et nouvel Est.
Le Liban divisé a toujours été la proie des guerres civiles. Il n’a presque jamais été uni, sauf quand les « sponsors » des uns et des autres s’entendaient. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, au contraire. Qu’est-ce à dire, serions-nous condamnés à la perdition ? Non si chacun y met du sien. Nous nous sommes sortis par chance des autres divisions. Cette division-là provoquera notre fin si nous n’y prenons garde. Alors ?
Arrêtons de vouloir faire un gouvernement d’union nationale et de nous chamailler sur le côté arithmétique de sa composition. Nous avons choisi, si je ne me trompe, un candidat à la présidence de la République indépendant des uns et des autres. Pourquoi ne choisirions-nous pas un Premier ministre et des ministres indépendants des uns et des autres ? Leur mission serait d’organiser de nouvelles élections législatives avec une loi étudiée pour que le peuple soit représenté justement.
Cela est possible si le peuple pousse ses représentants au gouvernement à démissionner. À commencer par les ministres chrétiens, dont la démission ferait tomber le gouvernement. Je parle des ministres chrétiens, car une guerre civile entre Chiites et Sunnites aurait pour premier résultat l’élimination automatique des chrétiens du Liban, comme prémices de celle des chrétiens de tout le Proche-Orient.
Pourquoi le Patriarche maronite, « Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient », à qui « la Gloire du Liban a été donnée », n’organiserait-il et n’encouragerait-il pas dans toutes les églises un dialogue constructif en ce sens ?
Nous croyons connaître ses vues politiques et pouvons regretter que son comportement ait pu inciter sa communauté à la division. Or, il sait mieux que tout le monde ce que le Christ, son Seigneur et le mien, a dit des divisions entre chrétiens et comment il a prié son Père pour leur unité.
Il sait aussi qu’il ne suffit pas de pleurer sur la diminution des chrétiens au Moyen-Orient, mais qu’il faut agir pour augmenter leur nombre, non par les armes, mais par l’exemple, afin qu’en voyant leur unité et leur amour, les uns pour les autres, « le monde croie ».
N’est-ce pas cela notre devoir envers nos frères libanais et arabes ? Peut-être qu’après cela il ramènerait au Liban et à Bkerké, siège du patriarcat, « sa gloire » perdue. ♦