Si la France a probablement commis au Rwanda des erreurs politiques, si elle s’est longtemps trompée sur la nature et les causes de la crise, elle n’a en rien participé au génocide des Tutsis. Mais les accusations portées contre nous et contre notre armée sont trop graves : il nous faut donc faire toute la lumière sur le drame rwandais afin de renouer avec ce pays des relations normales, fondées sur la confiance. C’est ce à quoi travaille le gouvernement.
La normalisation et la vérité
Normalisation and truth
Although France probably committed political errors in Rwanda and was for a long time mistaken about the nature and causes of the crisis, it in no way took part in the genocide against the Tutsis. But the accusations made against us and against our army are extremely serious. We must therefore shed full light on the Rwandan tragedy so as to restore normal relations with this country based on trust. That is what the French government is working towards.
En décidant, dès ma prise de fonction et en accord avec le président de la République, de renouer avec le Rwanda des relations diplomatiques normales, je savais que je m’engageais dans une voie dangereuse et nécessaire. Aussi difficile soit-elle humainement, aussi complexe soit-elle politiquement, aussi périlleuse soit-elle juridiquement, cette décision me semblait indispensable. Je l’ai prise en connaissant ce pays, en connaissant notre histoire commune et en connaissant surtout les drames que nous avons traversés.
Pour parler de la France et du Rwanda, il faudrait sans doute remonter à Fachoda, aux luttes secrètes ou affichées entre puissances coloniales, à une vision de l’Afrique à la fois lointaine et fantasmée, où il était aisé de méconnaître la réalité des hommes et des douleurs, où les crimes étaient soi-disant des coutumes, les peuples des entités insaisissables ou abstraites, le sentiment d’humanité un luxe pour utopistes égarés. C’est du moins ainsi que certains ont cru ramener le drame rwandais à une question tribale, et que d’autres refusent encore d’en reconnaître la triste réalité.
Seulement, il y a eu les centaines de milliers de morts Tutsis et Hutus modérés, il y a eu ces bouillies de crânes sur lesquelles nous avons marché, il y a eu un génocide tellement semblable aux nôtres et tellement différent aussi, et il y a maintenant des soupçons aussi graves qu’insupportables pesant sur nous, sur notre armée, sur nos soldats.
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