Le lancement d’une démarche prudente d’extension des intérêts vitaux de la France à ses proches voisins renvoie à la question des armes nucléaires. Dans le royaume de Belgique la question de la perception de la dissuasion est plurielle, ambiguë et attentiste, entre les « assurances otaniennes », « les ballons d’essai hexagonaux », les audaces « contenues » des résolutions parlementaires et les incertitudes américaines à l’approche du 60e anniversaire de l’Alliance atlantique.
Belgique, armes nucléaires et opinion publique
Belgium, nuclear weapons and public opinion
The launching of a cautious French initiative to extend its vital interests to include its close neighbours raises the nuclear weapons issue once again. In Belgium, perception of the deterrence question is diverse, ambiguous and of a wait-and-see nature, hovering between NATO assurances, French testing of the water, the restrained daring of parliamentary resolutions and American uncertainty as the Atlantic Alliance’s 60th anniversary approaches.
S’il est bien un sujet délicat dans le royaume de Belgique, c’est bien celui des armes nucléaires. Non pas que le concept de dissuasion soit étranger à la réflexion géostratégique des autorités politiques. Non pas que l’arme nucléaire elle-même soit hors champ puisque le pays accueille depuis des décennies des charges nucléaires américaines sous le régime de la double clef. L’explication tient plutôt à l’effet que cette présence peut avoir auprès d’une frange de l’opinion publique sous l’influence d’ONG pacifistes et de parlementaires antinucléaires.
Le poids des partis politiques et les gouvernements de coalition rajoutent à la confusion puisque bon nombre de députés et de sénateurs, même en dehors de l’opposition, font des recommandations (non contraignantes) au sujet de ces armes alors que les gouvernements en place conservent une position « attentiste ».
Aussi, en Belgique, moins on aborde le nucléaire, mieux cela vaut pour les autorités politico-militaires. Mais tous les cinq ans environ, parallèlement aux conférences de suivi du TNP, le débat sur la présence estimée d’une vingtaine (1) de bombes nucléaires à gravité américaines B-61 stockées dans un périmètre protégé de la base aérienne belge de Kleine Brogel nous revient médiatiquement, alimenté par les mouvements de paix, le parti Vert et le parti socialiste néerlandophone. L’argumentaire qui est développé à ces occasions repose à chaque fois sur la question de la légalité juridique de cette présence sur le territoire belge, le Royaume ayant signé le Traité de non-prolifération nucléaire en août 1968 et ratifié en mai 1975.
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