Aspects de l'Islam
Aspects de l'Islam
Ce petit livre, dense et bien écrit, se propose dans un premier temps de présenter l’islam, entreprise loin d’être inutile. En effet, si nous disposons à demeure d’experts en la matière, ainsi que le prouva la parution dans la présente revue de savants articles, force est d’admettre que la majorité de nos concitoyens (même ceux qui ont séjourné un certain temps sur les arpents de roc et de sable du Maghreb) n’ont sur le sujet que des vues sommaires, partielles et parfois erronées, ce qui conduit à des jugements plus ou moins fondés. Ainsi en est-il, si l’on ose la comparaison, de milieux que beaucoup frôlent sans les pénétrer vraiment comme les francs-maçons ou les notaires !
Grâce à un rapide parcours, solidement documenté sans être pédant, des textes fondateurs et en premier lieu bien entendu des 114 sourates et des 6 200 versets du Coran, grâce aussi à l’examen du dogme, le lecteur peut trouver ici des confirmations, des précisions et quelques rectifications. Sans surprise, il notera certes les nombreux points communs avec l’héritage biblique, mais aussi le fait que l’exigeante char’ia « gouverne minutieusement tous les actes de la vie », un « ton polémique » allant dans certains cas jusqu’à la « légitimité du meurtre » et à la « violence divinisée », et puis cette sorte d’obsession devant le sexe féminin pour qui « le voile est un substitut de la claustration » et qui promet aux martyrs les « jouissances voluptueuses » de l’au-delà.
Cet aspect didactique débouche inéluctablement sur des conséquences qui nous propulsent au cœur d’une brûlante préoccupation : l’évolution contemporaine d’une religion « à prétention universelle » (il est vrai comme ses consœurs !). Le procureur a alors tendance à rejoindre le professeur. Un tour du monde des États musulmans permet de constater que les minorités chrétiennes sont l’objet d’une « intolérance fondamentale » tandis que, par exemple en Bosnie, « les mosquées poussent comme des champignons ». Quant à la Turquie, on y relève, après les mesures radicales prises en son temps par Ataturk, un net « retour à l’Islam », accompagné d’une « christianophobie institutionnelle » rendant problématique l’intégration à l’Europe de ce « cheval de Troie » potentiel.
On en vient au problème de la « compatibilité avec les lois d’un pays d’accueil de tradition républicaine et libérale ». Pour certains musulmans, l’adaptation est possible : il s’agit par exemple, sans renier ses engagements, de « donner une bonne image de l’Islam après les attentats terroristes ». Pour d’autres, « le sentiment d’être minoritaire encourage le repli communautaire » et pousse à « diaboliser l’État occidental ». Se plaçant en chrétien déterminé, Michel Rossigneux observe chez nous le « déferlement islamique » et les 1 550 lieux de culte déjà recensés sur notre territoire, face au « désarroi du gouvernement » et à la frilosité du clergé. Pour lui, après deux incursions armées historiques, arabe puis turque, nous avons affaire à une troisième tentative d’allure pacifique, qui pose le « problème majeur du XXIe siècle ». On termine tout de même sur une note optimiste : « le dialogue est possible ». Prétendre que l’auteur croit dur comme fer à cette irénique survenance serait sans doute fortement exagéré. ♦