L’annonce récente par le ministre de la Défense de la création, par fusion des commissariats, d’un grand service du soutien de l’homme et des moyens généraux, et de sa subordination hiérarchique au Chef d'état-major des armées (Cema) constitue une heureuse surprise. Ce choix garantit en effet la cohérence du commandement et de l’administration. Il reconnaît le concours opérationnel qu’apporte l’administration militaire et permet d’espérer enfin l’interarmisation de nombreuses fonctions transverses. Quelques facteurs-clefs de succès — unité de commandement, délégation de compétence effective, valorisation des meilleures pratiques et pragmatisme attentif aux contraintes militaires — s’imposent d’emblée et méritent d’être explicités.
Commandement et intendance dans les armées
Command and administration in the Armed Forces
The recent announcement by the MOD of the fusion of the commissariats into one large service for logistic support directly subordinate to the Chief of Defence Staff (CEMA) is a pleasant surprise. This choice guarantees that command and administration will be in step. It recognises the operational importance of military administration, and points (at last) to the integration of a number of horizontal functions on a joint service basis. Several key aspects are obvious from the start, and need to be made explicit: unity of command, effective skills delegation, adoption of best practices, and pragmatism driven by military constraints.
Bien que notre histoire militaire démontre amplement l’importance et l’indéniable spécificité de l’administration militaire pour l’entretien d’armées permanentes opérationnelles, le caractère émollient des 45 dernières années de paix que connaissent nos concitoyens pouvait amener à considérer l’armée comme un « service public » ordinaire, ni plus ni moins performant qu’un autre, alors même que l’esprit régulateur des juristes et des comptables semblait devoir triompher du particularisme de l’administration militaire.
La prévalence d’un « cœur de métier » souvent difficile à circonscrire, l’attrait irrépressible de l’externalisation et du financement innovant, le souhait — pour le coup légitime — de réaliser des économies nécessaires et de mettre fin à l’anachronique guerre des boutons entre composantes organiques d’armées : tout annonçait la « vente par appartement » des commissariats au détriment d’une capacité d’administration autonome des armées par le commandement.
« L’illusion de la neutralité axiologique des choix faits en matière d’administration et de gestion » – pour reprendre les termes mêmes du Céma (1) – semble enfin se dissiper dans le débat sur l’avenir de la Défense. L’annonce par le ministre le 8 avril 2008, de la création d’un service interarmées du soutien de l’homme et des moyens généraux (SISHMG, appellation sans doute encore provisoire tant l’acronyme relève de l’exercice de diction) sous l’autorité hiérarchique du Céma constitue une heureuse surprise.
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