La défense antimissiles en débat(s)
La défense antimissiles en débat(s)
Ce livre présente les actes d’un colloque organisé par le club « Participation et progrès », et tenu le 15 octobre 2007 à l’Assemblé nationale. On pouvait craindre, comme c’est souvent le cas dans ce genre d’ouvrage, que le résultat ne fût cacophonique, les interventions s’entassant sans vraiment s’éclairer. Ce n’est pas le cas du présent ouvrage, preuve que le colloque lui-même fut organisé avec précision et à propos.
Le sujet a en effet été relancé vigoureusement au début de 2007, d’une part avec l’officialisation américaine d’implanter un troisième site de défense antimissiles (DAM) en Europe centrale (janvier), d’autre part de la réaction vigoureuse des Russes à partir de la Wehrkunde qui suivit (février). Le sujet a donc pris place au premier rang des préoccupations stratégiques européennes.
L’ouvrage permet de faire le point, en quatre parties bien ordonnées, qui traitent de la menace (la prolifération nucléaire et balistique), de la réponse (la DAM de territoire), des volontés américaines, et des conséquences internationales que cela provoque.
La lecture permet d’approfondir ses connaissances techniques (et le sujet nécessite ce petit effort) mais aussi de comprendre les débats soulevés par cette DAM. À cet effet, on adorera Claude Le Borgne qui remet les choses à leur place, en rappelant que la dissuasion c’est le bouclier, non pas la lance comme le suggèrent fallacieusement les partisans de la DAM ; on suivra André Dumoulin quand il constate que l’Europe ne parle pas du sujet, en tant que tel ; on attendra les dernières pages de Joseph Henrotin pour que quelqu’un s’interroge sur la notion d’État « fou ». Si on veut pinailler, on regrettera l’absence de description du débat interne à l’Otan, et d’explication des réactions russes au projet américain ; mais le propos est tellement riche par ailleurs que cela n’est pas handicapant.
Voilà donc un ouvrage extrêmement instructif, où quasiment tout est présenté, où les sujets sont complémentaires et évitent les redites, et dont l’impressionnisme réussi permet de dresser un tableau convainquant du sujet. ♦